Par Raphael Enthoven
INTRODUISONS LA NOTION
Les passions posent le problème de la souveraineté que l'homme entend exercer sur ses actions. Un homme mû par une passion accomplit quelque chose dont on ne peut dire qu'il en soit véritablement l'origine. Faut-il réguler nos passions ? N'est-il pas illusoire, à l'inverse, de le vouloir, ou de penser que la Raison est en mesure d'imposer sa loi à nos affects ? C'est ici la question-même de la liberté de l'homme pensée sur le modèle du libre-arbitre, qui est en jeu. L'homme peut-il prétendre à une souveraineté sur ses actes, ou ceux-ci sont-ils dictés d'abord par ce qu'il éprouve ? l'enjeu est de taille, qui pose également le problème de l'union de l'âme et du corps. Faut-il souscrire, avec Descartes, à l'idée « qu'il n'y a point d'âme si faible, qu'elle ne puisse étant bien conduite acquérir un pouvoir absolu sur nos passions » ? Autrement dit, est-il pertinent de distinguer l'âme et le corps, pour ensuite affirmer que les deux interagissent réciproquement ? Peut-on, en somme, avoir la haute main sur nos passions, ou est-ce là l'illusion de celui qui s'ignore déterminé par les passions à l'instant-même où il déclare être en mesure de les régler ? Quelle est la passion qui nous porte à croire que nous pouvons, et que nous devons, réguler nos passions ?
EXEMPLES DE SUJETS
- " Est-ce parce qu'ils sont ignorants, que les hommes sont sujets à des passions ? "
- " La passion est-elle une erreur ? "
- " Sommes-nous les esclaves de nos passions ? "
- " Peut-on parler d'un combat entre la raison et les passions ? "
- " Suffit-il de devenir le maître de ses pensées, pour l'être de ses passions ? "Ressources bibliographique conseillées
Platon,
- Timée, 69c - 71e (La trilogie platonicienne concupiscible / irascible / rationnel)Descartes
, - Les Passions de l'âme (Les passions manifestent une disposition réciproque du corps à l'âme - Problème - insoluble - de l'union de l'âme et du corps - Comment l'âme peut-elle triompher des passions ? Comment nous tenir pour l'origine de nos actes ? Comment ne pas condamner nos passions, mais en faire usage ? ... )Princesse Élisabeth,
- Lettres à Descartes du 24 mai 1645, et du 22 juin 1645. (Comment guérir l'âme des passions, en invoquant la seule force de la raison ?) Spinoza
,- Éthique II, III, V (préface)
- et Traité de la Réforme de l'entendement (Il n'y a pas de sens à séparer le corps et l'esprit. L'esprit n'est que " l'idée du corps ", critique de la " glande pinéale " cartésienne, comment un homme se déprend de ce qu'il tenait indûment pour un bien, avant de se tourner vers le " Souverain Bien " ...)Rousseau :
- Second Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes,
- Émile ou de l'éducation (La passion comme élément fondateur de la sociabilité des hommes, distinction entre l'amour-propre et l'amour de soi, la passion - sexualité en l'occurrence - comme ce qui nous ouvre à la reconnaissance de l'altéritéKant
,- Anthropologie du point de vue pragmatique, III, § 80-81 (paradoxe de la passion pensée comme une contrainte incurable, qui n'en laisse pas moins un espace de liberté au sujet)Freud
,- Introduction à la Psychanalyse (Texte essentiel : Le ça, le Moi et le Surmoi, le principe de plaisir, les limites du savoir sur nos névroses...) Machiavel
,- Le Prince, ch XIX (Le jeu des passions dans la pérennité du pouvoir : en quoi le fait d'obtenir la faveur du peuple est indispensable à la conservation du pouvoir, et à la sécurité de l'État...)Stendhal
,- De l'Amour (sur le phénomène fameux de la " cristallisation ")