Le soutien scolaire à domicile est dans le vent : autrefois le fait d'étudiants et de professeurs déposant leur petite annonce à la caisse de la boulangerie de quartier, il s'affiche désormais en couleur dans la presse magazine et à la télévision, et a reçu une caution formidable des pouvoirs publics à l'aide d'une quasi-subvention, la déduction fiscale de la moitié du coût. Depuis l'Emile, de Rousseau, la relation individuelle un prof un élève est vue comme la meilleure façon d'apprendre, et on finira par considérer qu'une classe surchargée commence à partir de deux élèves. Faut-il alors se sentir coupable de ne pas donner de cours particuliers à ses enfants ? Comment choisir entre les différentes propositions ?
Si vous demandez à des parents pourquoi ils ont choisi de recourir à des cours particuliers, ils vous diront souvent que c'est pour leur enfant puisse demander toutes les explications nécessaires, rattraper tout ce qui n'a pas été bien compris en cours ; en réalité, ces cours servent d'abord (et même surtout) office d'études surveillées, c'est-à-dire qu'ils garantissent que pendant l'heure où le prof est présent, les devoirs seront faits (et, en principe, bien faits) ; que les contrôles seront préparés, que les cours seront revus.
Or, c'est précisément par cette application, par la quantité de travail à la maison, qu'on augmente les chances de réussite scolaire. Faut-il un professeur pour cela ? la réponse est oui et non. Oui, pour traiter un problème momentané : accès de paresse, mauvaise organisation, difficulté à s'y mettre ; non, pour un régime permanent, car il faudrait alors avoir le professeur pratiquement installé à domicile, une heure ou deux par semaines étant insuffisant pour tout surveiller. La vocation de tout cours particulier devrait être de se rendre le plus vite possible inutile : les cours sont dispensés en classe, avec l'appui d'un programme et d'un manuel, le travail à la maison est lui-même guidé par une progression, entre les exercices d'application, les exercices de réflexion et les problèmes ; l'objectif est bien sûr d'apprendre, mais aussi d'apprendre à apprendre, pour se constituer des méthodes de travail ; avec la béquille permanente d'un professeur particulier, le risque est que cette partie de l'apprentissage échoue, et que l'élève soit finalement rattrapé, au premier cycle universitaire par exemple, par son manque de méthode et d'autonomie. Retenons ainsi que le principal objectif d'un cours particulier, doit être d'apprendre à l'élève à se passer de lui ; c'est pour cela que la personnalité (et le niveau) du professeur ont une importance capitale ; lui-même étudiant, il peut répondre à des questions sur la matière ; déjà professeur, il peut plus facilement apprendre des méthodes.
Vous avez décidé de recourir à des cours particuliers à domicile ? Voici trois conseils primordiaux pour les rendre vraiment efficaces.
Ne commencez pas des cours à domicile sans avoir fait avec lui un bilan sur ses difficultés, sur ses besoins, sur sa motivation. Comme professeur à domicile, j'étais frappé que, le plus souvent, les parents m'expliquaient devant leur enfant qu'ils n'avaient absolument pas le temps de s'occuper de lui ni de l'aider à faire ses devoirs. Imaginez dans quelle ambiance commençait alors la séance : mon rôle étant dévalué à n'être que le substitut, sans l'autorité, des parents ; et imaginez la motivation que pouvait susciter mon intervention, fondée sur une absence, un renoncement, une absence de priorité chez les parents.
J'ai donc pris l'habitude d'imposer, lors de la première rencontre, et avant même d'accepter, que l'on se fixe ensemble des objectifs, un horizon, et que, sur la base de la situation actuelle, on s'accorde sur les moyens (nombre d'heures de cours par semaines, nombre de semaines, obligations de l'élève pendant et entre les cours).
Il est banal de dire que tout enseignant peut être évalué sur deux échelles : la première mesure ses connaissances ; la seconde, sa pédagogie. Il n'y a pas malheureusement pas de lien direct entre les deux ; vous avez l'exemple de ces professeurs d'université qui ne sortent jamais de leur jargon. Cependant, il est assez clair qu'il existe un niveau minimal de connaissances en deçà de laquelle la pédagogie ne peut être d'aucune utilité. Ainsi, si vous utilisez les services de ces nombreux organismes de cours à domicile qui utilisent des étudiants, vérifiez le niveau de l'enseignant qui vous est proposé. En règle générale, il faut au moins deux années d'études complètes de plus que votre enfant pour que la maîtrise des connaissances soit suffisante. Au-delà de ce seuil, il faut juger au cas par cas, et préférer un prof recommandé par des amis. Méfiez-vous également des sites internet vous proposant des listes interminables de professeurs contre de l'argent, qui ne vous apportent aucun conseil, et risquent fort de vous faire perdre, outre votre argent, du temps précieux.
Il est indispensable de prendre le temps, même court, de discuter avec son enfant du cours qu'il vient de recevoir. Qu'a-t-il fait ? appris ? Comment s'est organisée la séance ? Comment va-t-il maintenant la mettre à profit ? Beaucoup trop de parents (et d'enfants !) considèrent le cours particulier comme une sorte de prime d'assurance contre l'échec : il suffirait d'en payer le prix (en espèces et en temps !) pour être protégé. Il est d'ailleurs très instructif de regarder ce que fait l'élève juste après un cours : continuer à travailler, lire, s'exercer ? la partie est gagnée. Sortir faire un foot ou regarder la télévision ? cela risque bien de signifier que le cours n'est considéré que comme un mauvais moment à passer. Le cours est une sorte d'échauffement, mais rien ne remplace le travail personnel.
N'oubliez pas cyberprofs.com ! Je n'ai pas compté ce conseil dans mon introduction, car je sais que vous allez me soupçonner ici d'être intéressé. Pourtant, si on remonte à l'origine du site, créé par de jeunes enseignants qui donnaient beaucoup de cours particuliers, on verra que nous l'avons conçu précisément pour combler les faiblesses que nous constations dans nos efforts à domicile : a) nous ne pouvions pas répondre dans toutes les matières, malgré notre bonne volonté, et il devenait compliqué pour les parents d'entretenir des professeurs dans les onze ou douze disciplines apprises par leur enfant b) nous ne pouvions pas répondre tous les jours, ou pour une question rapide, parce que nous avions (si, si) une vie en dehors de ces cours c) nos cours restaient oraux, et beaucoup était ainsi perdu, oublié, le soir même ou quelques mois après, au moment des examens. Avec cyberprofs, tous les échanges sont écrits et archivés, ce que nous n'avons jamais pu obtenir en cours particulier, malgré les cahiers dédiés. Alors, oui, le quatrième conseil est : n'oubliez pas cyberprofs.com !