SUJET : Le mot du langage commun est à la fois trop riche (il déborde de loin le concept par son ancienneté traditionnelle par l'ensemble de violences et de cérémonies qui construit sa "mémoire", son "passé vivant") et trop pauvre (il est défini par rapport à l'ensemble de la langue comme détermination fixe de celle-ci et non comme possibilité souple d'exprimer le neuf). Dans les sciences exactes, quand le neuf surgit, le mot pour le nommer est inventé simultanément par quelques uns et adopté rapidement par tous (. ..) Mais l'écrivain - bien qu'il lui arrive d'inventer des mots à rarement recours à ce procédé pour transmettre un savoir ou un affect. Il préfère utiliser un mot "courant" en le chargeant d'un sens nouveau qui se surajoute aux anciens : en gros, on dirait qu'il a fait voeu d'utiliser tout le langage commun et lui seulement, avec tous les caractères désinformatifs qui en limite la portée. Si l'écrivain adopte le langage courant, ce n'est donc pas seulement en tant que le langage peut transmettre un savoir mais aussi en tant qu'il ne le transmet pas. JP SARTRE *********************************************************** PROPOSITION DE COMMENTAIRE Dans ce passage Jean Paul Sartre affirme que l'écrivain prend, choisit le risque de n'utiliser que le "langage "commun" par ce que ce dernier exprime et n'exprime pas, tout à la fois, ce qu'il veut transmettre. La question sous jacente à ce discours pourrait être " qu'est ce que le langage courant? " qu'a t-il de si particulier alors que la description qui en est faite le qualifie de "langage commun" pour qu'un écrivain à priori une personne aimant les mots, leur diversité, le préfère à tout autre langage ? Qu'au-delà même de ses caractères "désinformatifs" "trop riche" "trop pauvre", il soit celui que l'écrivain choisit avec un engagement total "faisant voeu" de n'utiliser que lui pour s'exprimer. * Dans un premier temps nous nous intéresserons à la description que nous donne JPS du "langage courant". Dans un second temps nous aborderons les raisons du choix de ce langage. pour finallement poser : "le choix de Jean paul Sartre de mettre en relation "langage commun" et "langage scientifique" n'est il pas insuffisant pour parler du travail de l'écrivain ? Ce qui donne la forme de l'argumentation de l'auteur est en partie l'utilisation qu'il fait des répétitions et des oppositions. La répétition des expressions "langage commun" et langage courant" les oppositions telles que "trop riche" opposé à "trop pauvre" ; "langage courant" à langage scientifique" "mémoire" opposée à "neuf" "passé vivant" opposé à "invention des mots". L'auteur nous donne ainsi le cadre dans lequel se situe sa pensée. Qui dit langage, dit signe! le langage est un système de signes et les mots, signes linguistiques permettent de s'exprimer et de communiquer. Les mots renvoient à la parole, à la langue. On entre ainsi immédiatement dans une dynamique où la parole donne naissance à une multitude de significations de la langue, tant sur le plan individuel que collectif. Ce qui implique qu'elle évolue dans le temps. Sachant cela il est plus facile de comprendre ce qu'entend JP SARTRE lorsqu'il aborde le langage dans son aspect "courant" "commun". Il est possible, reconnaissant les caractéristiques générales du langage, décrites précédemment de les attribuer au langage courant avec la restriction que ce dernier relevant de la vie quotidienne, vie ordinaire, n'est porteur ni du langage poétique, ni littéraire, ni scientifique, mais que pourtant il est "trop riche" et "trop pauvre" tout à la fois. "trop riche" car dans ce réservoir que constitue la "m&moire" le "passé vivant" des mots, toutes les significations co-existent pour un même mot. Et même si elles ne sont pas utilisées, elles restent toujours présentes. Par exemple, lorsque l'on utilise le mot "barbare" qu'attirons nous comme sens ? seulement le sens premier à savoir : l'étranger par rapport aux Grecs ? ou bien surgissent en même temps : le sans-humanité , cruel ? le non civilisé etc..? ou bien ne serait ce pas un amalgame de tous ces sens ? "trop pauvre", ce qualificatif aussi est vrai même si contradictoire, opposé apparemment au précédent. Le mot, c'est vrai, dit les choses de manière générale et abstraite, il ne différencie pas. par exemple, lorsque nous disons "table", toutes, qu'elles soient petites, rondes, carrées etc...seront appelées "tables" sans que rien ne les distingue, et cette imprécision est un obstacle à une réelle communication dans certains cas. A la différence du langage courant où les mots ont généralement plusieurs sens, qui peuvent être sources d'ambiguïté et d'erreurs, le langage scientifique est un langage spécifique avec des concepts précis, et définis qui ne servent que dans les cas qui les occupent. C'est dans ce sens que J.P.S. leur attribue ou associe "l'invention des mots" qui surgit avec la découverte, sans qu'il soit possible de se référer ou d'utiliser d'autres mots que ceux qui naissent dans cette circonstance. Dans ce contexte, que peut donc signifier le choix du langage courant lorsque celui ci transmet et ne transmet pas ce que l'on exprime ? Dans le texte, JPS affirme que c'est précisément à cause de ce caractère apte et inapte à transmettre que l'écrivain choisit le langage courant. Cette affirmation sans réserve pose la question de "qu'est ce qui a besoin, par le biais du langage courant, d'être transmis, compris ou pas, tout en même temps ? Pourquoi l'aspect négatif que peut prendre la non transmission serait ici positif ? Si l'on regarde ce qui peut poser problème à l'occasion d'une transmission, communication, cela relève souvent du registre des sentiments, des émotions, des sensations. Ne dit-on pas que les mots trahissent la pensée, qu'ils sont souvent impropres à exprimer ce qui est à exprimer ? Alors la proposition de JPS d'utiliser - puisque c'est forcément imparfait - le langage le plus humble, celui de la vie de tous les jours, pour exprimer ce qui l'est difficilement, peut en fait, se révéler le moins inadéquat. Cela donne la liberté au lecteur de donner sens, selon sa sensibilité, sa culture..au texte. Elle dénote aussi un certain détachement de la part de l'écrivain quant au résultat de sa communication vis-à-vis du lecteur. A la fin de la lecture, on ne peut que regretter que l'auteur n'ait pas juger bon d'aborder le langage commun dans ses relations avec les autres langages que le scientifique, et plus particulièrement avec le langage littéraire. Le "rapprochement- opposition" avec le langage scientifique qu'il nous propose ne permet pas de débattre. Ils sont trop dissemblables et le choix du langage commun s'impose donc forcément. Autre aurait été l'enjeu du choix du langage commun, si celui-ci avait été mis en vis-à-vis avec le langage littéraire par exemple. Car l'écriture - et c'est bien de cela dont il s'agit dans ce texte - suppose tout de même que l'objectif soit d'exprimer de communiquer le plus précisement sa pensée, alors comment ne pas penser au langage littéraire, pour le faire ? Nathalie Sarraute dit à ce propos : "c'est la sensation dont il est chargé qu'il exprime et qu'il dégage par chacun de ses mots qui donne au langage littéraire les qualités qui le séparent du langage commun ?" Alors est ce que JPS n'envisage l'écriture que lorsqu'elle concerne des personnes douées d'un extrême talent ? Car il en faut réellement pour faire passer par les mots de tous les jours, du langage courant, ce qui mérite d'être communiqué, ressenti, saisi, compris, provoquant ainsi l'émotion, le rire, la joie la peine ...chez le lecteur. dans l'attente de vos corrections, commentaires, conseils, évaluation... cordialement. zsahli |
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