Merci pour les indications envoyées pour mon introduction, voilà mon commentaire rédigé sauf la conclusion ,je sais que c'est un peu long ,cependant pouvez vous jeter un coup d'œil et me dire à première vue ce qui ne va pas, je prends toujours en compte vos remarques qui m'aident infiniment, je vous en remercie d'avance ! Dans une première partie du texte, allant de « mais ce qui nous attire dans ces contenus, quand ils sont représentés par l'art » à « c'est ……..une transformation en profondeur. », Hegel définit l'art comme une mise en forme sensible d'une réalité matérielle en « œuvres de l'esprit ». Le sujet présenté, le « contenu », acquiert une dimension spirituelle. Ainsi, comment un simple objet extérieur, « représenté »,rendu visible, présent dans un tableau, une sculpture, une poésie…peut-il « nous attirer » ? Hegel ,en cela, fait allusion précisément aux tranquilles paysages ,avec leurs fleuves, moulins, et aux scènes domestiques de toutes sortes, peints par les peintres hollandais du XVII ième siècle. Ce qui fait leur attrait pourrait résider dans le choix du « contenu » ou dans l'habilité avec laquelle il est reproduit, à l'identique, copie conforme à la réalité, à la nature. Pourtant Hegel, en introduisant son texte par la conjonction « Mais », indique bien une opposition, voire une précision. Le charme de ces tableaux et de l'art en général, évoque plus qu'une simple imitation de la nature, et ne dépend pas uniquement de son « contenu », de ses sources , mais s'exerce dans la manière dont il est retranscrit. « Ce qui nous attire….c'est justement cette apparence de cette manifestation des objets ». Le contenu de l'œuvre d'art ,appartient au monde de l'apparaître, il est saisi par les sens , la sensibilité, il séduit car il est d'abord reconnu et donne l'impression d'être réel. Cet effet visuel, devant ce contenu est donc le même que l'on aurait devant l'objet réel, c'est d'ailleurs pour cela qu'on le reconnaît, mais les deux réalités ne sont en fait pas les mêmes. Pour rendre réel un objet « l'art…fait subir au monde matériel », physique, objectif, qui est donné immédiatement, « extérieur », tout ce qui est perçu hors de nous, « sensible », qui agit sur nos sens, « une transformation en profondeur ». En effet , par exemple une pomme dans la nature, nous pouvons la voir sous toutes ses formes, la toucher, la sentir, la manger ; représentée dans un tableau, elle a été métamorphosée, arrachée au monde de la vie pour l'introduire dans un autre monde, intérieur, celui de la pensée, l'idée, puis retranscrit. Ainsi une œuvre d'art, est « une œuvre de l'esprit », un produit de la re-présentation d'un objet réel, ayant l'apparence du vrai et ce qui fait sa spécificité c'est qu'elle a une raison d'être spirituelle. L'artiste, lorsqu'il crée ,il perçoit d'abord l'objet puis intériosise sa « représentation »dans son esprit, et produit « une apparence » sensible, une idée qu'il a de la chose, il ne reproduit pas un réel qui le précèderait, la nature elle même. . Cette reproduction est le reflet d'un modèle naturel donné, le redoublement d'une apparence, le sensible en quelque sorte présenté deux fois ( vu, puis reproduit), ainsi elle donne l'image comme forme sensible d'une chose, et est l'apparence d'une apparence. C'est donc cette « transformation en profondeur » qui fait « qu'au lieu d'une laine, une soie réelles….nous ne voyons en effet que des couleurs ». Hegel montre que c'est le reflet de l'idée de l'artiste qui est le messager d'un monde réel, caché sous les apparences. Cette conception de l'esprit qui retranscrit à l'extérieur ce qui est né de l'intérieur dans un mouvement extérieur-intérieur-extérieur, crée un nouvel objet lui même sensible. Pour exprimer cela ,l'artiste utilise des éléments sensibles comme les « couleurs » . L'art ne produit donc que les « apparences » de la nature (,pas la soie , mais son éclat, pas l'or mais sa brillance) et nous les percevons et les reconnaissons comme tel. De même là « où la nature a besoin de dimensions totales….pour se manifester », être visible dans l'espace, l'art au contraire se contente d' « une simple surface », et comme un miroir reflète l'objet. L'art jette dans la nature « ces objets peints » ainsi matérialisées par des couleurs en créant une réalité , « une impression « de vie, de mouvement, comme « si nous nous trouvions en présence de leurs répliques réelles ». Contrairement à Platon, Hegel pense que l'apparence révèle la chose, et que c'est à travers elle que j'atteins la chose. L'apparence picturale réduit les trois dimensions spatiales à « une surface » qui met en scène par un traitement spécifique d'ombre et de lumière ,la nature. Cette réduction pourtant permet l'expression d'un sentiment intérieur qui symbolise le « contenu » de la peinture, elle rend translucide, dénaturalise et idéalise l'objet. Donc le contenu de l'œuvre, en soi n'a pas d'importance ,comme le soutient Hegel, mais il doit être tel qu'autrui le reconnaisse, l'art est par conséquent à la fois matériel par son contenu mais aussi spirituel, en tant que représentation de l'esprit s'adressant à l'esprit d'autrui. Ainsi la première admiration que suscite l'art vient de ce pouvoir qu'a l'esprit de créer un monde semblable à la nature, sans toutefois l'imiter, mais de l'imprégner d'une idée pleine de signification et de richesse. De cela , Hegel en tire une autre conséquence, introduite par « grâce à », en ajoutant une spiritualité humaine à l'œuvre d'art, une « idéalité », « l'art imprime une valeur à des objets insignifiants ». En effet dans la vie courante, les choses se présentent à nous sous un aspect utile, d'un commun usage, et l'habitude nous les fait oublier, ils nous échappent, alors que l'art nous les dévoile. Par exemple une posture, une gestuelle, une expression dans une sculpture, peut rendre quelque chose d'introuvable dans un sujet quelconque ; ainsi l'art aide à rendre perceptible une réalité sans intérêt, elle le rend saillante, et contribue à mieux discerner le monde extérieur. L'art conjugue à la fois une union de l'esprit et de la matière, de l'intérieur et de l'extérieur, et ce lien donne à l'esprit le moyen de révéler la nature, l'objet. On peut même ajouter que l'objet ne vaut que s'il est repris par une pensée qui en travaille l'apparence pour mieux nous le faire découvrir. Par l'expression de cette idée l'art « fixe son but ,en attirant notre attention sur des choses qui, sans lui, nous échappaient complètement ». Donc l'art transcendante, stylise le réel, l'idéalise. Dès lors la re-présentation artistique n'est plus une simple reproduction, mais une re-création, où l'art exprime le réel, rend visible l' « insignifiant ». Cet objet banal devient alors chef d'œuvre grâce à cette impression parfaite d'unité et de perfection, mariant l'esprit et les choses. Cette fusion de l'idée et de sa forme sensible dans l'œuvre d'art donne de la valeur au contenu. Pour reprendre l'idée chère à Hegel sur les peintures hollandaises, il faut se souvenir que les peintres comme Rysdaël, Van Goyen, Vermeer….à travers leurs œuvres manifestaient la joie de défendre leur terre contre les assauts de la mer et des espagnols ,et à cause de leur espace limité attribuaient de la valeur aux moindres choses. On retrouve dans ces peintures l'esprit qui les a produites, en représentant le visible, elles expriment l'invisible, la victoire de l'esprit sur la naturalité, la liberté. C'est ainsi que le contenu dans l'art ne vaut que s'il est repris par une pensée , retravaillé, qu'il a un sens, ce qui signifie bien que l'art n'est pas que simple imitation de la nature. De plus, Hegel rajoute que l'art au contraire représente la nature soumise ,maîtrisée et les conquêtes de l'esprit sur la nature, et donne par là au temps la puissance d'une idée, de telle sorte que « l'art remplit le même rôle par rapport au temps » que par rapport à l'objet, il idéalise une seconde fois. Il saisit « un sourire instantané, une rapide contraction sarcastique de la bouche…..,accidents et évènements ». Ce qui dans la nature est insaisissable, l'art le fixe pour toujours, et aux disparaissantes apparitions de la nature, l'art procure la fixité, l'éternité. Ainsi, il « rend durable ce qui, à l'état naturel, n'est que fugitif et passager ». Tous ces moments peints demeurent à jamais figés dans le temps tels qu'ils apparaissent à un instant donné . La nature sans cesse en mouvement, disparaissant puis réapparaissant ne se laisse pas contempler ,lorsqu'elle se livre, elle se dérobe aussitôt. « Cette existence périssable et évanescente », précaire incertaine, n'existe pas dans le monde de l'art, toute la réalité contractée, cet instant peint, sculpté, écrit,….ne changera pas, rien non plus le dissipera, il restera à jamais sous notre regard, dans la perpétuité. Le temps dans l'art représente la figure sensible de l'éternité où ni flétrissure, ni usure, rien à attendre, rien à craindre sont présents., par exemple une sonate ,un poème, un roman…sont intemporels, on peut les réécouter, les relire, par contre voir deux fois la même fleur éclore est impossible. Le produit naturel est un produit doué de vie, donc « périssable » tandis qu'une œuvre d'art est une œuvre qui dure. L'art rassemble dans son espace, ce que le temps naturellement disperse. C'est ainsi qu'elle nous montre par de lentes maturations, de dures transformations des cycles renouvelés, comme par exemple celui d' une graine qui germe , donne une plante, puis une fleur et un fruit .L'art au contraire, nous offre la nature sans délai, sans limite, de sorte que le spectateur avec l'art a plus de jouissances qu'avec la nature. Qu'il s'agisse également « d'accidents et d'évènements qui vont et viennent, qui sont là pendant un moment pour être oubliés aussitôt », là aussi l'art les capte, et par l'image d'un instant il donne à voir le temps, c'est ainsi que le peintre Goya a fixé pour des siècles, le regard désespéré et en même temps volontaire des résistants espagnols fusillés par Napoléon. C'est ce que Hegel nomme la deuxième idéalité, la domination de l'art sur le temps. Cette durabilité de l'œuvre d'art , fait que l'art est « en cela encore supérieur à la nature ». En effet pour produire des représentations, la nature doit se soumettre aux lois qui déterminent l'existence effective de l'objet représenté ; la peinture ,elle s'affranchit entièrement de ces lois et nous présente n'importe quel objet. Le miracle de l'art ,selon Hegel ,vient de ce qu'il peut reproduire la nature, comme un effet indépendant de toute causalité naturelle. L'esprit étant du domaine de la liberté, et la nature du domaine de la nécessité, la nature répète la même chose par ses cycles de reproduction, elle a donc un caractère de finité. L'art en tant que manifestation de l'esprit ,échappe à cette nécessité de production naturelle, et manifeste donc la supériorité de la liberté sur la nécessité et c'est pour cela que l'art est supérieur à la nature. De cela Hegel au contraire de Platon affirme que l'art par sa reproduction rend une image plus consistant que son modèle, et l'apparence plus riche que la réalité Dès lors de cette « idéalité » reprise deux fois par Hegel dans ce texte, il s'ensuit que ce n'est pas le contenu réel, la matérialité concrète, qui nous charme dans l'art mais cette déréalisation du monde par l'esprit, tout en étant le plus réaliste possible. En peignant des choses toutes ordinaires, l'art dépeint d'extraordinaires vertus, en surprenant et en immobilisant une apparence du présent, c'est une longue et véhémente histoire qu'elle ressuscite et fait comparaître. |
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