C'est le lien du passé au présent qui fait une société. Mais non pas encore le lien de fait,le lien animal ; ce n'est pas parce que l'homme hérite de l'homme qu'il fait société avec l'homme ; c'est parce qu'il commémorel'homme. Commémorer c'est faire revivre ce qu'il y a de grand dans les morts, et les plus grands morts. C'est se conformer autant qu'on peut à ces images purifiées. C'est adorer ce que les morts auraient voulu être, ce qu'ils ont été à de rares moments. Les grandes oeuvres, poèmes, monuments, statues, sont les objets de ce culte. L'hymne aux grands morts ne cesse point. Il n'est pas d'écrivain ni d'orateur qui ne cherche abri sous ces grandes ombres ; à chaque ligne il les évoque, et même sans le vouloir, par ces marques du génie humain qui sont imprimées dans toutes les langues. Et c'est par ce culte que l'homme est homme. Supposez qu'il oublie ces grands souvenirs, ces poèmes, cette langue ornée ; supposez qu'il se borne à sa propre garde, et à la garde du camp, aux cris d'alarme et de colère, à ce que le corps produit sous la pression des choses qui l'entourent. Commentez ce texte. |
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