Par "responsable", il me semble qu'il faut ici entendre "devoir rendre des comptes"... ce qui invite à supposer que "ce dont nous n'avons pas conscience" désigne des faits (ou des pensées) qui pourraient nnous être reprochés... Cas de figure concrets : un mineur est-il responsable du crime qu'il commet ? (Si le droit juge différemment les mineurs et les adultes, c'est parce qu'il estime qu'existe, pour le dire grossièrement, une part "d'inconscience" dans le geste d'un mineur...) La responsabilité suppose que nous soyons, en principe, l'origine radicale du geste que nous commettons. Celui qui agit en toute conscience est, à ce titre, responsable de ses actes. L'idée de conscience sous-entend la notion de libre-arbitre ici : cf. plaidoiries des avocats qui, pour défendre leur client, invoquent non pas leur irresponsabilité, mais les causes réelles qui les ont portés à agir comme ils l'ont fait. Ainsi, les frêres Jourdain, actuellement jugés pour le meurtre et le viol de quatre jeunes filles, ont-ils tendance à invoquer la violence dont ils ont eux-mêmes été les victimes dans leur enfance... De même, quand Florence Rey et Audry Maupin assassinent cinq policiers, leur avocat avait plaidé en disant qu'ils étaient les victimes d'une société qui les avait exclus. Spinoza : l'illusion du libre-arbitre tient à l'ignorance des causes réelles qui nous font agir... Le concept de responsabilité est ici battu en brêche. Si nous ne sommes, en toute rigueur, jamais l'origine radicale de nos actes, ces derniers ne peuvent jamais véritablement nous être imputés. Pourtant la justice continue d'être exercée, et les auteurs de crimes d'être punis... Pour que la justice trouve sa raison d'être, il faut choisir, à un moment, de tenir l'accusé pour responsable de ses actes. Faites la différence entre responsabilité et culpabilité : le responsable d'une overdose, c'est le dealer de quartier, dernier maillon d'une chaîne qui culmine dans le véritable coupable, à savoir le narco-trafiquant colombien... Peut-on éluder ses responsabilités au nom de la série des causes qui nous précèdent et sans lesquelles nous n'aurions pas commis les crimes qui nous sont reprochés ? IL y a aussi à l'inconscient, autre forme de détermination réelle d'une volonté qui voudrait être l'origine radicale de ses actes. Devons-nous rendre des comptes sur ce que notre inconscient nous contraint de faire, ou nous interdit de faire ? sur les idées qui nous viennent sans que nous souhaitions les avoir ? (songez au complexe d'Oedipe) |
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