Bonjour. J'ai deux textes a préparer pour l'orale du bac français et je ne sais pas quel plan choisir. Pouvez vous m'aider avant mardi. VOYAGE EN ITALIE Jean Giono L’immeuble a été endommagé par un bombardement d'avions anglais. On n'a pas tout à fait terminé de le remettre en état. Il reste encore des échafaudages intérieurs. Tout cela fait terrestre. Je n'en démords pas : je reste ici. Nous choisissons, Élise et moi, la seule chambre habitable du deuxième étage, Antoine et Germaine sont au premier où l'on a reconstitué tout le confort moderne. De ma fenêtre, je domine un vieux fronton de couvent style jésuite, une certaine étendue de toitures en vieilles tuiles et un clocher à usage de clocher, qui sonne l'heure tout simplement. Cela me paraît parfait. Il nous faut cependant sortir pour aller manger. Nous déambulons dans des rues désertes. Être seul avec une ville est plein de charmes : on donne aux maisons les sentiments qu'on donnerait aux passants. Ici, elles ont une sorte d'héroïsme populaire. On passe la revue à des grognards de l'Empire momifiés. joignez à cela le silence, un chuchotis de conspiration sous les arcades et cette lumière dont je n'ai jamais vu la pareille, sauf au théâtre. Une ville où l'on arrive la nuit est facilement mystérieuse ; celle-ci l'est de façon différente. La : rue où nous cherchons à manger, par exemple, et qui partait comme une bonne grosse rue avec des magasins et même les panonceaux d'un notaire, se termine en draille étroite, obscure et d'où surgit, rasant les murs, un trolleybus pomponné de clignotements rouges et verts, et entièrement vide une sorte de bocal à pickles qui se promène. Nous revenons sur nos pas. Il est neuf heures et demie et nous avons très faim. Nous remontons une autre rue. Celle-ci semble se prolonger en tunnel. Nous trouvons finalement une trattoria où l'on nous fait de magnifiques grillades et des pâtes. Le vin est exquis. Entrent deux bicyclistes qui rangent leurs machines contre les murs, s'installent à côté de nous et jouent immédiatement au rami. Nous finissons la soirée sous les arcades, à la terrasse d'un petit café. Ces imaginations bouillantes ont eu la sagesse de civiliser avec mesure une des plus vieilles voluptés de la terre : être assis à l'aise, au frais, le soir, en compagnie. On dit que les Italiens sont bruyants, gesticulent, c'est une calomnie anglaise. je crois qu'au-dessus d'une ligne Briançon, La Rochelle on ne sait pas ce que c'est qu'une terrasse de café. Il y en a à Paris et à Stockholm, mais c'est ici qu'on en jouit. Même à Marseille on ne sait pas. VOYAGE EN AMERIQUE Chateaubriand Le ciel est pur sur ma tête, l'onde limpide sous mon canot, qui fuit devant une légère brise. À ma gauche sont des collines taillées à pic et flanquées de rochers d'où pendent des convolvulus à fleurs blanches et bleues, des festons de bignonias, de longues graminées, des plantes saxatiles de toutes les couleurs : à ma droite règnent de vastes prairies. À mesure que le canot avance, s'ouvrent de nouvelles scènes et de nouveaux points de vue : tantôt ce sont des vallées solitaires et riantes, tantôt des collines nues; ici c'est une forêt de cyprès, dont on aperçoit les portiques sombres ; là c'est un bois léger d'érables, où le soleil se joue comme à travers une dentelle. Liberté primitive, je te retrouve enfin! je passe comme cet oiseau qui vole devant moi, qui se dirige au hasard, et n'est embarrassé que du choix des ombrages. Me voilà tel que le Tout-Puissant m'a créé, souverain de la nature, porté triomphant sur les eaux, tandis que les habitants des fleuves accompagnent ma course, que les peuples de l'air me chantent leurs hymnes, que les bêtes de la terre me saluent, que les forêts courbent leur cime sur mon passage. Est-ce sur le front de l'homme de la société, ou sur le mien, qu'est gravé le sceau immortel de notre origine ? Courez vous enfermer dans vos cités, allez vous soumettre à vos petites lois ; gagnez votre pain à la sueur de votre front, ou dévorez le pain du pauvre; égorgez-vous pour un mot, pour un maître ; doutez de l'existence de Dieu, ou adorez-le sous des formes superstitieuses : moi j'irai errant dans mes solitudes ; pas un seul battement de mon cœur ne sera comprimé, pas une seule de mes pensées ne sera enchaînée ; le serai libre comme la nature ; je ne reconnaîtrai de souverain que celui qui alluma la flamme des soleils et qui d'un coup de sa main fit rouler tous les mondes. |
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