La mort des amants Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux. Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux cœurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux. Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux; Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes. Charles Baudelaire Le poème : extrait des fleurs du mal. On s’attend à une vision tragique et pénible de la mort, or celle-ci est joyeuse et sereine. L’atmosphère de ce sonnet n’est pas sans rappeler l’invitation au voyage, comme si la mort n’était que calme, luxe et volupté. Une vision heureuse et paradoxale de la mort. Il propose une représentation étrange de la mort grâce à un réseau de qualification surprenante. La mort n’est jamais nommée, elle n’est pas présente sous forme de personnification. L’évocation de l’amour donne lieu à une peinture très précise, vers 14 où on compte plus de 20 adjectifs, 3 d’entre’eux appartiennent au champ de la mort. Tous les autres font référence à la vie : ex : plein, profond, plénitude. Les 2 adjectifs rose et bleu de couleur vont à l’encontre de la mort (Théophile Gautier). Ce sont des couleurs du bonheur, des couleurs tendres. L’ange qui permet la résurrection de l’héroïne est qualifié de fidèle et de joyeux. Vers 3 : étrange monde Insolite. Enfin le paradoxe culmine avec écloses. Les sensations sont très riches dans ce poème, la vue miroir, l’ouie, sanglot, l’odorat, odeurs. La mort semble plus enviable que la vie : vers 2 propose une vision insolite car il semble inversé, comparé et comparant. De plus le comparatif de supériorité poursuit le processus. La mort est plus parfaite que la vie. Un poème néo-platonicien, le couple est présenté par la 1ère personne nous. Les amants une entité globale à l’intérieur de laquelle il est impossible de distinguer chaque individu, ils sont une paire indissociable. Ce sonnet en effet affirme que l’amour est plus fort que la mort. L’emploi du futur peut paraître surprenant : c’est le temps du devenir alors que la mort est considéré comme un désert où les repaires sont abolis. Grâce à une double métaphore le poète fait de 2 amants 2 personnes identiques, répétition de 2 vers 6 et 8. Cette ressemblance est spirituelle mais pas corporelle. Elle est entretenue par le champ lexical de la lumière : ex : flambeaux v6,lumières v7, éclairs v10. la ressemblance devient fusion et les 2 cœurs n’ont font qu’un. La résurrection finale doit être comprise dans ce sens. L’ange n’est ni tout à fait homme ni tout à fait Dieu. Il resitue la chaleur de l’ange que la mort avait enlevé. Le passage de l’au-delà n’est pas à redouter, il faut attendre avec espoir cette transition qui permet de passer les corps. L’esprit des amants est le suprême à atteindre. La mort dans ce poème n’est pas seulement consolatrice mais revivifiante, c’est ce qui fait de ce sonnet un des poèmes les + optimistes et le + apaisant du recueil. Il relève de l’idéal et du spleen. Merci de bien vouloir jeter un coup d’œil sur mes notes pour mon oral de français puisque je présente plusieurs poèmes des fleurs du mal. Je n’ai pas présenté B. en tant qu’auteur dans ce poème, mais j’ai fait sa biographie. Merci encore de votre aide. |
|||||
... |
Connectez-vous pour consulter les réponses du CyberProf