Concernant ce commentaire composé;je pense qu'il tourne autour de l'ambivalence entre romantisme et fantastique et qu'il s'articule autour de 3 revelations mais je ne vois pas comment expliciter et organiser cela et je voudrais également savoir s'il y a certaines pistes ou certains aspects du texte que j'ai occulté? - Il est temps, dit-il à la baronne un jour qu’ils se trouvaient ensemble, il est temps que je te fasse connaître quel est le but du séjour du comte dans cette ville. Tu sais qu’il y a quatre ans nous nous étions liés si intimement ensemble, dans la garnison ou je me trouvais, que nous habitions toujours la meme maison. Il arriva que le comte, me visitant un matin, trouva sur ma table le portrait en miniature d’Angélique, que je porte constamment avec moi. Plus il l’examinait, plus son trouble devenait visible. Il ne pouvait en détourner ses regards, et il resta longtemps à le contempler en silence.-Jamis, s’écria t’il enfin, jamais je n’ai vu un visage de femme plus touchant et plus beau ; jamis je n’ai senti l’amour se répandre comme en cet instant dans mon cœur ! -Je le plaisantai sur l’effet merveilleux de ce portrait, je le nommai un nouveau Kalaf, et je lui souhaitai pour son bonheur que mon Angélique ne fut pas une Turandot.Enfin je lui fis comprendre qu’à son age-car, bien qu’il ne fut pas avancé dans la vie, on ne pouvait plus le nommer un jeune homme, -cette manière romanesque de s’éprendre subitement à la vue d’un portrait me surprenait un peu. Mais il me jura avec toute la vivacité et les gestes passionés, particuliers à sa nation, qu’il aimait inéxprimablement Angélique, et que, si je ne voulais le plonger dans le plus violent désespoir, je devais lui permettre de prétendre à sa main. C’est dans ce dessein que le comte s’est présenté dans notre maison. Il se croit certain du consentement d’Angélique, et hier il me l’a demandée formellement. Que penses-tu de sa demande ma chère Elise ? La baronne ne pouvait se rendre compte de l’effroi que lui avaient causé les dernières paroles du colonel. -Au nom du ciel! s’écria t’elle. Angélique au comte étranger ! -Un étranger ! répondit le colonel en fronçant le sourcil.Celui à qui je dois l’honneur, la liberté, la vie peut-etre un étranger! -J’avoue que son age n’est pas absolument celui qui conviendrait à une jeune fille ; mais c’est un homme noble et grand, et en outre un homme riche, très riche… -Et sans consulter Angélique, qui n’as peut-etre pas autant de penchant pour lui qu’il se l’imagine dans son amoureuse folie! L e colonel se leva vivement de sa chaise, et s’avança vers la baronne, les yeux animés de cilère.-Vous ai-je jamis donné lieu de croire que je sois un pére insensé et tyrannique, dit-il, et que je livrerais mon enfant chéri à des mains indignes d’elle ? Cessez de me tourmenter de vos sensibleries romanesques et de votre tendresse raffinée! Angélique est tout oreilles quand le comte parle ; elle le regarde avec une bonté amicale, elle rougit lorsqu’il lui baise la main ; tout en elle annonce un penchant pur et innocent pour sa personne, un de ces sentiments qui rendent un homme heureux ; et il n’est pas besoin pour cela de cet amour romanesque qui ravage parfois vos tetes! -Je crois, dit la baronne, que le cœur d’angélique n’est plus assez libre pour faire un choix. -Quoi ! s’écria le colonel irrité ; et il allait éclater, lorsque la porte s’ouvrit : Angélique entra, les traits animés par un ravissant sourire. Le colonel perdit tout à coup son humeur et sa colère ; il alla vers elle, l’embrassa sur le front, la conduisit à un fauteuil, s’assit amicalment auprès d’elle, tout proche de son enfant tendre et chéri. Alors il parla du comte, vanta sa tournure noble, sa raison, ses sentiments élevés, et demanda à Angélique si elle le trouvait à son gré. Angélique répondit que d’abord le comte lui avait semblé effrayant et étrange, mais que peu à peu ce sentiment s’était entièrement effacé, et qu’elle le voyait avec plaisir. -Eh bien ! s’écria le colonel plein de joie, le ciel soit loué ! Le comte Aldini, ce noble seigneur, il t’adore du fond de son ame, ma chère enfant ; il demande ta main, et tu ne la lui refuseras pas. A peine le colonel eut-il prononcé ces paroles, qu’Angélique poussa un profond soupir et tomba presque sans vie. La baronne la reçut dans ses bras, en jetant un regard expressif sur le colonel, muet et consterné à la vue de la pauvre enfant, dont les traits étaient couverts d’une paleur mortelle.-Angélique reprit ses sens peu à peu, un torrent delarmes s’échappa de ses yeux, et elle s’écria d’une voix lamentable : -Le comte, le terrible comte !-Non, non, jamais ! Le colonel la conjura, à plusieurs reprises et avec toute la doucur imaginable, de lui dire au nom du ciel pourquoi le comte lui semblait si terrible. Angélique avoua alors que, au moment ou son père lui avait dit que le comte l’aimait, un reve affreux qu’elle avait fait, dans la nuit du quatorziéme anniversaire de sa naissance, s’était représenté dans toute sa force à sa mémoire, d’où il s’était effacé depuis cette nuit meme, sans qu ‘elle eut jamais pu se rappeler une seule de ses images.-Je me promenais dans un riant jardin, dit Angélique ; il s’y trouvait des arbustes rares et des fleurs étrangères. Tout à coup je m’arretai devant un arbre merveilleux dont les feuilles sombres, larges et odorantes, ressemblaient à celles d’un platane. Ses branches s’agitaient si doucement ! Elles murmuraient mon nom et m’invitaient à me reposer à leur ombre. Irrésistiblement entrainé par une force invisible, je tombai sur le gazon, au pied de l’arbre. Alors il me sembla que j’entendais de singuliers gémissements dans les airs ; et lorsqu’ils venaient, comme un souffle du vent, agiter le feuillage de l’arbre, il rendait de profonds soupirs. Une douleur inexprimable s’empara de moi, une vive compassion s’eleva dans mon sein, j’ignore à quel sujet ; et tout à coup un éclair brulant traversa mon cœur et le déchira ! -Le cri que je voulais pousser ne put s’echappper de ma poitrine chargée d’un effroi sans nom, il se changea en un soupir profond. Mais l’eclair qui avait traversé mon cœur s’etait échappé de deux yeux humains, fixés sur moi du fond d’une sombre feuillée. En cet instant, ces yeux étaient tout près de mon visage, et j’aperçus une main blanche comme la neige, qui traçait des cercles autour de moi. Et toujours, toujours les cercles devenaient plus etroits et m’environnaient de leurs lignes de feu, jusqu’à ce qu’enfin je me teouvai enlacée dans une toile lumineuse, semblable à celle de l’araignée. Et en meme temps, c’etait comme si le regard de ces deux yeux terribles se fut emparé de tout mon etre ; je ne tenais plus à moi-meme et au monde que par un fil auquel il me semblait que j’etais suspendue, et cette pensée etait pour moi un affreux martyre. L’arbre inclina vers moi ses branches, et la voix touchante d’un jeune homme s’en échappa. Elle me dit : -Angélique, je te sauverai, -je te sauverai ! Mais… Angélique fut interrompue : on annonça le major qui venait parler au colonel pour affaires de service. Dès qu’Angélique eut entendu prononcer le nom du major, elle s’écria en versant de nouvelles larmes, avec cet accent que donnent les douleurs de l’ame : -Maurice…Ah ! Maurice… HOFFMAN ; « Le spectre fiancé » Dans Les contes fantastiques |
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