Pourriez vous corriger mon commentaire composé dont voici le texte : La Mort heureuse d'Albert Camus (extrait) Il lui fallait maintenant s'enfoncer dans la mer chaude, se perdre pour se retrouver, nager dans la lune et la tiédeur pour que se taise ce qui en lui restait du passé et que naisse le chant profond de son bonheur. Il se dévêtit, descendit quelques rochers et entra dans la mer. Elle était chaude comme un corps, fuyait le long de son bras, et se collait à ses jambes d'une étreinte insaisissable et toujours présente. Lui, nageait régulièrement et sentait les muscles de son dos rythmer son mouvement. A chaque fois qu'il levait un bras, il lançait sur la mer immense des gouttes d'argent en volées, figurant, devant le ciel muet et vivant, les semailles splendides d'une moisson de bonheur. Puis le bras replongeait et, comme un soc vigoureux, labourait, fendant les eaux en deux pour y prendre un nouvel appui et une espérance plus jeune. Derrière lui, au battement de ses pieds, naissait un bouillonnement d'écume, en même temps qu'un bruit d'eau clapotante, étrangement clair dans la solitude et le silence de la nuit. A sentir sa cadence et sa vigueur, une exaltation le prenait, il avançait plus vite et bientôt il se trouva loin des côtes, seul au cœur de la nuit et du monde. Il songea soudain à la profondeur qui s'étendait sous ses pieds et arrêta son mouvement. Tout ce qu'il avait sous lui l'attirait comme le visage d'un monde inconnu, le prolongement de cette nuit qui le rendait à lui-même, le coeur d'eau et de sel d'une vie encore inexplorée. Une tentation lui vint qu'il repoussa aussitôt dans une grande joie du corps. Il nagea plus fort et plus avant. Merveilleusement las, il retourna vers la rive. A ce moment il entra soudain dans un courant glacé et fut obligé de s'arrêter, claquant des dents et les gestes désaccordés. Cette surprise de la mer le laissait émerveillé. Cette glace pénétrait ses membres et le brûlait comme l'amour d'un Dieu d'une exaltation lucide et passionnée qui le laissait sans force. Il revint plus péniblement et sur le rivage, face au ciel et à la mer, il s'habilla en claquant des dents et en riant de bonheur. Le sujet est : Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous pourrez, par exemple, étudier comment Camus suggère le bonheur qu'engendre cette plongée régénératrice dans les flots. La Mort heureuse L’extrait de ce texte est tiré du livre « La Mort heureuse » d’Albert Camus. Il correspond à son premier roman, et a été écrit en 1936 juste avant « l’Etranger ». Ce passage est probablement situé en milieu ou en fin de livre, car il fait référence à des évènements passés qui font obstacle au bonheur du personnage. L’extrait raconte le bain de mer d’un homme et les vertus attendues de ce bain. L’auteur en fait une description très détaillée. Dans un premier temps, nous pourrons mettre en valeur les émotions et les sentiments du personnage qui évoluent au fil du texte, de sa sensibilité aux éléments naturels et à l’atmosphère extérieure, puis les différentes étapes qui conduisent l’homme de la recherche à l’obtention du bonheur. L’extrait du roman d’Albert Camus a une tonalité lyrique. En effet, même si le narrateur ne parle pas à la première personne, les sentiments, les émotions qu’il exprime sont très fortes. Il utilise, pour cela des procédés stylistiques telles que des métaphores : « le chant profond de son bonheur », « des gouttes d’argent », « la moisson du bonheur », « le ciel muet et vivant »… mais aussi des comparaisons : « comme le visage d’un monde inconnu » ou bien encore « comme l’amour d’ un Dieu ». De même, le personnage a tous ses sens aiguisés, exacerbés. Toutes ses gestes sont découpés : l’eau « fuyait le long de son bras et se collait à ses jambes », « il sentait ses muscles de son dos rythmer son mouvement», « claquant des dents », « les gestes désaccordés ». Là, encore, l’auteur met en avant les sensations du personnage en décrivant les moindres contractions de ses muscles. L’ambiance générale est une invitation au bonheur. Le bain se déroule la nuit au clair de lune ce qui lui donne un caractère poétique, mais aussi mystérieux. Les mots tels que « tiédeur », « mer chaude » rendent l’atmosphère feutrée, douce, détendue. « Le ciel muet » «la solitude et le silence de la nuit» sont des expression qui traduisent une impression de calme, de repos. Les seuls bruits produits sont ceux que fait le personnage. L’aspect mystérieux du texte est dû non seulement à la nuit, mais aussi à la mer qui semble caché un « monde inconnu »., « une vie inexplorée ». Il y a là, une recherche d’harmonie entre l’homme et la nature.. Au début du texte, le bain est pour cet homme le moyen de se débarrasser de son passé qui le hante et qu’il essaie d’oublier. Il espère par cette immersion pouvoir retrouver le bonheur perdu. Ce bain a le pouvoir de laver ses mauvais souvenirs, et en même temps le don de lui redonner le bonheur de sa jeunesse : il a donc un rôle purificateur. Il en a besoin pour « se retrouver» tel qu’il était avant. Progressivement, il se laisse envahir par les bienfaits de l’eau. Il compare ses mouvements de bras dans la mer à un soc de charrue qui cultiverait la terre. Dans la métaphore « les semailles splendides d’une moisson de bonheur », on ressent son besoin de renouveau comme le paysan qui prépare sa terre pour obtenir une nouvelle culture. Il « cultive » l’eau pour en récolter le bonheur. Il semble y arriver car il progresse alors plus vite dans l’eau et avec exaltation. A ce moment, il y a symbiose entre l’homme et la mer. Puis, il s’arrête à nouveau. Il est tenté d’aller au fond de l’eau, découvrir les profondeurs de l’eau. Là, aussi, il s’agit de métaphores et comparaisons dans lesquelles les expressions « le visage d’un monde inconnu », « la vie inexplorée » ou bien encore « le prolongement de cette nuit » peuvent être assimilés (comparés) au mystère de la mort, cette mort qui pourrait, elle aussi, apporter le bonheur, en le débarrassant définitivement du passé. Mais il se ravise de cette tentation. Puis soudain, grâce au passage d’un courant d’eau glacée de la mer, l’homme va se reprendre, retrouvait toute son énergie, il reprend confiance. Il compare l’effet que produit cette eau glacée en lui, à celui de « la brûlure de l’amour d’un Dieu ». En effet, l’arrivée inattendue de ce courant froid à l’instant même où il se ressent de la lassitude, ressemble à une intervention divine. A cet instant, le bain a trouvé toute sa raison d’être et devient alors régénérateur. Le but recherché est atteint. A la fin du texte, l’homme rit de bonheur. Il y a à ce moment communion entre la nature et l’homme. La mer lui a apporté le réconfort espéré, comme celui d’une mère à son fils. Le personnage que nous fait découvrir Albert Camus ressemble étrangement au personnage de Meursault dans l’Etranger, par ses sensations exacerbées. Dans cet extrait, l’auteur met en valeur la présence primordiale des éléments naturels et notamment de la mer sur le personnage, dans sa quête du bonheur. Outre, l’effet purificateur, celle-ci a un effet pour lui, réparateur, régénérateur capable d’un certain retour possible vers une « jeunesse » perdue. Elle a le pouvoir d’engendrer le bonheur. |
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