sujet faculté de lettres modernes : Qu'est ce qu'un bon conteur ? (problème transitions, fautes orthographes, EXPRESSION les points à revoir ? peut-etre des erreurs quant aux conceptes ? doutes quant à ma conclusion) -------------------------------------------------------- MON INTRODUCTION : Le conte littéraire est une forme fixe, dégagée des contraintes - pour l’analyste- de la forme sauvage du conte oral qui n’a pas de support concret. Ainsi dans la version littéraire du conte, le maître de la parole disparaît aux yeux de l’auditeur -qui devient lecteur. Il se fait plus discret ; à sa guise il choisit de “se montrer” ou pas, de façon plus ou moins explicite, maîtrisant ses interventions dans le récit. Il pourra également travailler davantage la stylistique, maîtrisant mieux son récit qu’il peut remanier à son gré. Est-il dès lors meilleur, meilleur auteur, meilleur narrateur ? Il ne s’agit pas de mettre en compétition le conteur-diseur et le conteur-écrivain. Cependant, en restreignant le champ de la réflexion à la littérature écrite, la disparition des repères concrets qui se résume en la présence physique du conteur réanime un certain nombre de problématiques autour de cette figure. Qu’est-ce alors qu’un bon conteur ? Celui qui livre un “bon” conte ? Le conte a des règles : un conteur est celui qui s’y soumet. Il semble donc qu’il faille distinguer la partie rigide que comporte le conte de cette une autre partie, malléable, où le conteur peut exprimer ses éventuelles qualités. Si le bon conteur est celui qui livre “un bon conte”, est-il alors celui qui se fait oublier au profil de son récit, lui, appartenant à la réalité de notre monde concret, ne risque-t-il pas en effet de constituer un retour au réel contradictoire au conte qui se réclame d’un autre espace, d’un autre temps ? Son rôle premier n’est-il pas en effet de conduire et de maintenir le lecteur en haleine dans cet univers, réclamant alors le talent de charmer, hypnotiser le lecteur en le faisant “voyager” hors de la réalité dans un charmant ailleurs, un rôle de séducteur somme toute, celui de conduire vers l’irréalité ? *************************** Ma première partie : **************************** Sans entrer dans les questions polémiques autour des classifications dont on connaît les subtiles frontières (entre conteur et nouvelliste ou encore fabuliste...) on peut remarquer que le conteur obéit aux règles strictes du conte. Comment, alors, être un “bon conteur ”, comment imposer sa voix, tout en étant soumis à un genre qui impose ses propres règles quant à l‘intrigue, aux personnages, à la longueur, à la stylistique même ? En effet, on s’accorde en général, comme le note Isabel Sousa, sur la définition du conte en tant qu’un court récit fictif, énoncé au passé, dont l'action est concentrée autour d'un épisode nucléaire et dans lequel intervient un nombre réduit de personnages très peu caractérisés. Traditionnellement, l'univers représenté est indéterminé dans le temps et l'espace, et magique, car tout peut y arriver. (Bien entendu, les exceptions ne manquent pas.) Mais si « tout peut y arriver », les contes répondent pourtant à une structure précise, concernant l’intrigue, qui globalement se retrouve au sein de chaque conte, [cela concerne essentiellement le conte merveilleux (dit aussi “de fées”)] comme le remarque Vladimir Propp dans sa Morphologie du conte (merveilleux). Ce-dernier réalise ainsi un véritable schéma en énumérant les fonctions des personnages. Ceux-ci étant très peu caractérisés, ils sont davantage des types, des “actants”. La fonction est l’action d’un personnage-type et c’est cette action dans le déroulement de l’intrigue qui le définit. Ainsi Propp inventorie-t-il ces coutumières fonctions : “I. Un des membres de la famille s’éloigne de la maison. II. Le héros se fait signifier une interdiction. III L’interdiction est transgressée. ” etc. De plus, la psychologie n’ayant pas vraiment de place au sein du conte, du moins pas en tant que moteur principal du récit, c’est une occasion de moins pour le conteur d’exprimer son style, n’étoffant pas les personnage d’une psychologie complexe. Christophe Carlier de remarquer que « fidèle à ces règles de compositions rigides, le conte connaît une fortune singulière », manifestement il s’agit de celle du succès. De plus, les auteurs de contes s’alignent souvent dans des corpus de contes, plus ou moins consciemment , ils suivent les pratiques répandues de reprises, le souci d’un maintient du traditionnel, du populaire, du folklore (Perrault qui s’est par là différencié des autres contes de fées à la mode en son temps, on pense également à la célèbre collecte quasi-scientifique des frères Grimm ) cadrent largement les conteurs, tout comme les phénomènes de mode (tel au XVIIème siècle en France pour les contes de fées, les fantaisies orientales plutôt au XVIIIème siècle ...), l’influence italienne déclenchée en France par le Décaméron de Boccace, que l’on désigne souvent en tant qu’origine d’une nouvelle vogue pour le conte. La longue tradition orale dont les contes écrits sont héritiers, joue déjà elle-même sur les variantes : c’est un véritable travail scientifique, nécessairement rempli d‘hypothèses non élucidées, que de tenter de retrouver l’histoire d’un conte aux travers de ses différentes versions. Pour exemple, l’étude de Paul Delarue ne relève pas moins de vingt versions orales qui constituent la tradition orale du conte Le loup et l’enfant, deux versions dérivées de celle de Perrault (« le Petit Chaperon rouge»), « retournée à la tradition à la suite d’une énorme diffusion par la littérature de colportage et le livre d’enfant » (M. Simonsen) ; enfin, une douzaine de versions qui sont un mélange des éléments issus de l’imprimé et d’éléments indépendants . Il est à noté également que toutes les variantes sont de types différents ( structure, personnages, séquences narratives, place du conteur ) et qu’elles n’ont, bien entendu, pas pu être toutes classifiés. Le conteur apparaît par là davantage comme le producteur d’une combinatoire de ces éléments préétablis que comme un créateur. Ce caractère à première vue donne une impression dépréciative quant aux qualités des conteurs : Perrault lui même en a fait les frais auprès de certains critiques qui voyaient en lui un plagiaire. On objectera en premier lieu que les reprises, qui impliquent forcément une réécriture, présentent en fait un réel intérêt : il s’agit de ce même intérêt que l’on peut trouver dans les textes dits de seconde main, de réécriture. Il s’agit d’œuvres qui tirent leurs substances d’une autre. Pour le lecteur , c’est le plaisir de trouver entre les lignes le souvenir d’un autre texte. Il est vrai que le lecteur bien souvent n’est soumis qu’à une seule version d’un conte (souvent en fonction de son appartenance géographique ), et il s’agira donc plus exactement, pour le conte, du plaisir de redécouvrir entre les lignes le souvenirs d’éléments qu’il connaît. En effet, familiarisé avec le conte souvent depuis l’enfance, le lecteur a une idée du monde que l’on peut trouver derrière un « Il était une fois... » Cette partie rigide du conte que l’on s’applique à définir, à l’image de celle schématisée par Propp, est intégrée par le lecteur sans que ce soit un travail scientifique ni vraiment conscient, et ces composantes finissent par être attendues du lecteur initié : ainsi, les interdits doivent être transgressés, les prophéties doivent se réaliser, l’histoire doit trouver une conclusion (attendue heureuse pour le/les héros),etc. En deuxième lieu, on peut remarquer que le jeu des combinatoires ouvre un bien large éventail de possibilités. Le choix est déjà création. Ainsi Apulée mêlant au populaire un motif mythologique, greffe sur l’image traditionnelle populaire de la Belle-mère méchante et jalouse (la marâtre), le motif mythologique d’une grande déesse, Vénus, dont les colères jalouses sont célèbres. L’effet satirique né de ce rapprochement. Michèle Simonsen remarque, à propos de « la Barbe-Bleue » de Perrault, qu’ « il n’existe pas de parallèle littéraire en tant que récit complet, mais de nombreux parallèles pour les motifs qui le composent pris isolément.» En outre, l’élément essentiel auquel les conteurs obéissent et qui semble porteur du succès du conte, est certainement ce point que souligne A. Jolles. Il remarque que le conte répond à l’exigence de la disposition mentale de chacun d’entre nous qui voulons que les choses se passent selon notre vision d’un monde juste. Le conte n’est rien d’autre que la mise en langage de cette disposition mentale, il est régit par une morale «globale » ( le chat botté de Perrault peut donc bien user de stratagèmes peu honnêtes du moment qu’il rétablit l’injustice qui touche son maître défavorisé par le testament de son père.) Ainsi dans L’Âne d’or ou les métamorphoses d’Apulée, une fois Psyché établie comme innocente, elle fait partie “des bons, des gentils” et chacun voudra lui voir attribuer un dessein heureux. De même, Le Petit Chaperon rouge étant traité du point de vue du héros (le lecteur peut plus facilement s’y identifier), son caractère d’innocente victime étant souligné, le lecteur voudra le voir sorti du piège que lui tend le loup. Il ne pourra qu’être pris de ce que Perrault ne lui accorde pas cette résolution là (la fin malheureuse fait exception chez Perrault). On peut ainsi remarquer que, le lecteur prenant parti pour un personnage, le conteur a gagné l’intérêt et l’attention de son public. Le conteur qui place une fin malheureuse n’en demeure pas moins un bon conteur (le conte aura d’ailleurs une portée différente) : il a présenté un récit qui suscitait l’intérêt du lecteur, engagé dans le conte, il a été emporté et tenu en haleine dans cet univers. En ce sens, la forme close est idéale pour satisfaire le lecteur : la situation rééquilibrée, il retourne à sa propre réalité avec certain épanouissement. Dans le cas d’un non-rétablissement de l’équilibre, le conte laisse une empreinte jusque dans la réalité du lecteur (comme souvent dans le fantastique qui se joue de cette règle ). Frustré, il se détachera plus difficilement de ce monde qui n’a pas répondu à ces attentes et qui le renvoie à sa propre imagination, qui le provoque avec cette version qu’il attendait et qu’il voudrait voir établie. C’est une façon de maintenir le lecteur dans la logique du récit créé et de retenir sa réflexion sur certains points. Il en est encore ainsi de la fin ouverte, comme celle du Micromégas de Voltaire dont le message final attendu n’est pas révélé. Ainsi la partie « rigide » du conte a-t-elle des avantages et semble déjà en elle-même promettre au conteur habile qui s’y soumet un certain succès. En dernier lieu, on peut ainsi objecter encore aux accusations de plagiats que si ces éléments rigides peuvent constituer des qualités, il existe cette autre partie du conte, malléable, celle qui permet à tout conteur de ce distinguer réellement et de pouvoir exprimer ses éventuelles qualités. En effet, un important travail stylistique est effectué autour de cette base stable du conte. Bien entendu, pour être un bon conteur encore faut-il être un bon auteur, cela n’est rien de le rappeler. Ainsi Perrault se distingue-t-il, dans “La Belle aux Bois dormants” par exemple, par un mélange de détails réalistes, de préciosité et de “délicieux archaïsmes” (Georges Gruau), s’appariant de la sorte au style de son ami, Jean de La Fontaine. ******************************* je n'ai pas terminé ma deuxième et troisième partie, il me manque notamment les transitions : voici les idées : ****************************** STYLE (“son cru”= ironie, satire comme La Fontaine, bien que de façon différente) Style, donc, mais aussi visées qui découlent de la façon de traiter le conte : On a vu que l’essentiel du travail du conteur consistait à faire adhérer au conte. Puisque l’essentiel du « travail du conteur » est d’amener le lecteur dans l’univers du conte et de l’y maintenir, on peut donc se demander comment le bon conteur, qui représente l’auteur mais aussi le narrateur, invite le lecteur au sein de son récit, dans ce monde inconnu régit par la magie, le merveilleux, l‘extraordinaire. Quelle transition avec le monde réel ? Cette problématique rejoint celle des liens avec la réalité dans le conte. On peut remarquer, dans ce sens, qu’il constitue lui-même une sorte de captatio benevolentiae en se portant garant de l’histoire qui va être racontée. Le paradoxe « extraordinaire mais vrai » captive, incontestablement. Cela est plutôt de l’ordre des contes fantastique. Très souvent le conteur se présente ainsi non comme le créateur mais comme le messager d’une histoire (ce qui n’est pas vraiment faux si l’on en croit ce que l’on a dit précédemment concernant les reprises!) Isabel Sousa note à ce sujet que le «pouvoir de séduction du conteur se doit en partie au fait qu'il est le détenteur du secret à révéler (un secret qu'il détient depuis la nuit des temps et qui a été transmis de génération de génération) ». La mise en scène de l’origine de l’histoire, apprise grâce à des liens privilégiées avec quelqu'un, secrète, intime, fait apparaître l’histoire comme précieuse, énigmatique, mystérieuse, et en conséquence est éveillée la curiosité du lecteur. “Il était une fois ...”; “dans le temps où les bêtes parlaient...” ; “dans des lieux très reculés...” : autant de formules qui représentent souvent la seule transition, expéditive, vers le monde du conte. Le conteur est alors souvent absent et sa parole ne sera pas remise en cause. Dans l’univers du conte, le narrateur ne se base pas sur des repères réels : temps, durée et espace sont malléables, ils appartiennent à une dimension différente de la notre, c’est celle de l’univers du conte, et cela participe au merveilleux. L’instance narrative se fait donc toute puissante, comme dans un pacte de vraisemblance entre le conteur et le lecteur, on accepte d’emblée de faire le pas dans une irréalité, dans l’univers typiquement indéterminé du conte. Que La Belle aux Bois dormants de Perrault surgisse dans un carrosse tiré par des dragons, ni les personnages, ni le conteur, ne s’en étonneront : le lecteur ne s’inquiètera plus des lois rationalistes, le conteur a rendu son discours incontestable. (Parler des exergues.) Quand narrateur présent ? : La distance que peut prendre le conteur : proche : c’est le point de vue adopté (“la pauvre enfant...”) puis éloignement par rapport au texte : ironie, satire subtile... allusion SUBTILE à une époque tout cela = passerelle avec la réalité =>l’étape au dessus est de se servir du conte POUR faire des liens avec le réel : n’est ce pas là tout l’intérêt que l’on trouve aux contes : pouvoir s’y assimiler... etc...faire des rapports avec notre monde Les lectures plurielles consistent à voir ou pas ces passerelles. Interprétations : philosophique (exemple psyché/cupidon = idée néoplatonicienne) voltairien... plaisir de l’intelligence partagée etc... se sert du conte, de son pouvoir persuasif... vise à faire du conte un outil performatif... Diderot aussi : réflexion sur le genre du conte interprétation psychanalytique (Bettelheim, Freud...) allusion sexuelles ressenties confusément par l’enfant,... littéraire, métaphorique voir dans l’épisode du loup = aventure sexuelle ironie + satire de PERRAULT (chat botté, morales en cascades etc...) Ce type de conte implique un lectorat plus restreint, celui qui se plait à ces exercice de l’intellect. .. ********************************************************************* conclu non rédigée pour l'instant : une partie rigide qui finalement a des avantages (les pâles copies n’obtiennent pas grand succès et disparaissent ), une partie souple où le talent du conteur doit s’exprimer. Qualité essentielle de retenir l’attention du lecteur, maintenir dans ce monde différent du notre... l’intérêt se trouve dans les passerelles faites avec notre monde, le conte est “un détour” intéressant, plaisant. Prendre la passerelle n’est pas obligatoire : lectures plurielles possibles, même pour un même lecteur. Il semble que ce soit essentiellement dans cette relation au réel que le conteur caractérise le conte : en prenant de la distance avec son récit, il pointe du doigt quelle type de lien peut-être fait avec le monde, plus il propose en cela sa lecture du conte qui devient presque une illustration, dans le soucis de démonstration propre au philosophe. Son conte demande un effort supplémentaire de réflexion qui demande la volonté, un intérêt pour ce genre d’exercice de la part du lecteur (d’où souvent les exergues). *********************************** merci de votre attention, respectueusement, marika_342001@yahoo.fr |
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