Bonjour, Allez, promis c’est le dernier texte de Sartre que je vous envoie. Comme pour les deux textes précédents, j’aimerais que vous m’aiguilliez quant à la construction d’une lecture analytique. Pourriez vous me donner des pistes de réflexion, des formes à analyser… L’analyse faite en classe ayant été un peu bâclée. D’autre part, ce texte étant, je trouve, difficile à comprendre, pourriez vous me l’expliquer brièvement ? J’ai bien conscience que ce genre de demande nécessite pas mal de temps, décomptez moi le nombre de points nécessaires, mais donnez moi, s’il vous plait une réponse rapide. Merci beaucoup. Ma vocation changea tout : les coups d’épée s’envolent, les écrits restent, je découvris que le Donateur, dans les Belles-Lettres, peut se transformer en son propre Don, c'est-à-dire en objet pur. Le hasard m’avait fait homme, la générosité me ferait livre ; je pourrais couler ma babillarde, ma conscience, dans des caractères de bronze, remplacer les bruits de ma vie par des inscriptions ineffaçables, ma chair par un style, les molles spirales du temps par l’éternité, apparaître au Saint Esprit comme un précipité du langage, devenir une obsession pour l’espèce, être autre enfin, autre que moi, autre que les autres, autre que tout. Je commencerais par me donner un corps inusable et puis je me livrerais aux consommateurs. Je n’écrirais pas pour le plaisir d’écrire mais pour tailler ce corps de gloire dans les mots. A la considérer du haut de ma tombe, ma naissance m’apparut comme un mal nécessaire, comme une incarnation tout à fait provisoire qui préparait ma transfiguration : pour renaître il fallait écrire, pour écrire il fallait un cerveau, des yeux, des bras ; le travail était terminé, ces organes se résorberaient d’eux-mêmes : aux environs de 1955, une larve éclaterait, vingt-cinq papillons in-folio s’en échapperaient, battant de toutes leurs pages pour s’aller poser sur un rayon de la bibliothèque nationale. Ces papillons ne seraient autres que moi. Moi : 25 tomes, 18000 pages de texte, 300 gravures dont le portrait de l’auteur. Mes os sont de cuir et de carton, ma chaire parcheminée sent la colle et le champignon, à travers 60 kilos de papier, je me carre, tout à l’aise. Je renais, je deviens enfin tout un homme, pensant, parlant, chantant, tonitruant, qui s’affirme avec l’inertie péremptoire de la matière. On me prend, on m’ouvre, on m’étale sur la table, on me lisse du plat de la main et parfois on me fait craquer. Je me laisse faire et puis tout à coup je fugue, j’éblouis, je m’impose à distance, mes pouvoirs traversent l’espace et le temps, foudroie les méchants, protège les bons. Nul ne eput m’oublier, ni me passer sous silence : je suis un grand fétiche, maniable et terrible. Ma conscience est en miettes : tant mieux. D’autres consciences, m’ont pris en charge. On me lit, je saute aux yeux ; on me parle, je suis dans toutes les bouches, langue universelle et singulière ; dans des millions de regards je me fais curiosité prospective ; pour celui qui sait m’aimer je suis son inquiétude la plus intime mais, s’il veut me toucher, je m’efface et disparaît : je n’existe plus nulle part, je suis, enfin ! Je suis partout : parasite de l’humanité, mes bienfaits la rongent et l’obligent sans cesse à ressusciter mon absence. Ce tour de passe-passe réussit : j’ensevelis la mort dans le linceul de la gloire, je ne pensai plus qu’à celle-ci, jamais à celle-là, sans m’aviser que les deux n’étaient qu’une. A l’heure où j’écris ces lignes je sais que j’ai fait mon temps à quelques années près. Or, je me représente clairement, sans trop de gaieté la vieillesse qui s’annonce et ma future décrépitude, la décrépitude et la mort de ceux que j’aime ; ma mort, jamais. Il m’arrive de laisser entendre à mes proches_ dont certains ont 15, 20, 30 ans de moins que moi_ combien je regretterai de leur survivre, ils me moquent et je ris avec eux, mais rien n’y fait, rien n’y fera : à l’âge de 9 ans, une opération m’a ôté les moyens d’éprouver un certain pathétique qu’on dit propre à notre condition. Tout d’abord, désolée pour les fautes. Je suis désolée, mais à force de tout retaper j’en fais beaucoup. Au niveau du texte, celui-ci il va falloir bien me l’expliquer, j’ai du mal à tout comprendre. Que doit-on comprendre ? Que veut dire l’auteur ? Que veut t’il faire passer comme idée, comme message ? Il me semble qu’il y a une mise en scène de métamorphose du narrateur en livre, mais pourquoi cette métamorphose. S’il vous plait, aidez moi à comprendre ce texte, là je suis quand même assez perdue. Que dois-je dire, qu’est ce qu’il est essentiel d’analyser si je tombe sur ce texte à l’oral, jeudi prochain ? Et puis deux petites questions, ça veut dire quoi in-folio? Et pourquoi y a t'il des mots en italique? (me, suis...)? Merci d’avance et à bientôt Milène |
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