Bonjour, je suis en licence de lettre modernes et je vous ai récemment envoyé une question sur un sujet de Jean Giraudoux. J'ai suivi vos conseils afin de bien traiter mon sujet et je souhaiterai avoir une correction en prenant soin de me noter les hors sujets et les maladresses de langue (style lourd) et m'expliquer pourquoi. Je vous fais confiance. Néanmoins, je souhaiterai que ma dissertation ne soit pas diffusée sur votre site ou si elle doit être obligatoirement éditée sur le site, de ne pas la mettre avant le 14 mai car je crains que d'autres étudiants ne rendent ma copie au lieu de la leur, ou qu'ils écrivent des choses quasiment similaires. Je vous demande par conséquent de me tenir au courant avant toute correction pour que je sache à quoi m'en tenir. C'est la première fois que je fais appel à vos services pour une correction et je ne connais pas réellement le fonctionnement. Merci de votre compréhension. Le Sujet est: "Quelles réflexions vous inspire ce jugement du critique René Marill Albèrès dans Esthétique et morale chez Jean Giraudoux? "Des deux valeurs morales qui sont en lutte, celle de Créon et celle d'Antigone, Giraudoux choisit (...) tantôt l'une tantôt l'autre. L'intransigeance raillée dans La guerre de Troie n'aura pas lieu l'emporte sur Electre. Certes, il s'agit dans un cas d'une forme cocardière de l'honneur national, et dans l'autre des exigences supérieures de la Justice. Cependant, dans les deux pièces, une valeur théorique et abstraite est opposée à l'intérêt pratique et immédiat, et l'exemple peut montrer que Giraudoux ne choisit pas toujours le même sens: il ne défend pas un système de valeur contre un autre système de valeurs. il montre surtout le caractère inévitable du conflit de ces valeurs. En ce sens, le devoir moral d'Hector, d'Egisthe et d'Electre se trouve être le même: Accepter ce conflit et ne pas l'éluder. Plus important que le pari que prend le héros est le fait qu'il prenne parti, qu'il assume la tragédie." INTRODUCTION. Jean Giraudoux dans ses œuvres reprend des mythes anciens qu'ils remanient de telle sorte que le lecteur redécouvre le dénouement antique par un autre chemin. Chacun de ces mythes laissent à voir deux parties qui s'opposent ainsi dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu, un conflit oppose pacifiste et belliqueux, et dans Electre on voit la présence de la patrie contre la justice. Jean Giraudoux dans son traitement du mythe d'Antigone ne prend pas parti pour Antigone, c'est-à-dire pour un sens abstrait de la justice ; ni pour Créon c'est-à-dire pour un sens civique pratique. Il oscille plutôt entre les deux et montre surtout que le conflit entre les deux est inévitable. C'est la même chose que l'on retrouve dans La Guerre de Troie n'aura pas lieue et dans Electre. Ainsi, à ce propos René Marill Albérès dans Esthétique et morale chez Jean Giraudoux dit que dans les deux pièces Jean Giraudoux « ne défend pas un système de valeurs contre un autre système de valeurs. Il montre surtout le caractère inévitable du conflit de ces valeurs. En ce sens, le devoir moral d'Hector, d'Egisthe et d'Electre se trouve être le même : Accepter ce conflit et ne pas l'éluder. Plus important que le parti que prend le héros est le fait qu'il prenne parti, qu'il assume la tragédie ». René Marill Albérès souligne donc que ce n'est pas le fait que chacun des personnages suit sa propre valeur qui est important dans les pièces mais le fait que leurs valeurs s'opposent et que c'est cela qui crée la tragédie, qui rend le conflit inévitable. En ce sens Jean Giraudoux ne prend pas parti pour un système de valeur, mais montre comment l'opposition des deux parties de la pièce qui sont ceux de Créon et d'Antigone va rendre le conflit inévitable. L'intérêt de cette étude est donc là : Comment Jean Giraudoux parle t-il des deux mythes c'est-à-dire du conflit inévitable de valeurs fondamentalement opposées ? En première partie nous verrons de quelle façon Jean Giraudoux présente dans ces pièces le sens civique, le sens de l'honneur patriotique, représenté par Créon et dans nos deux pièces à la fois par Egisthe et Hector, ensuite nous traiterons de la question de la Justice absolu représentée par Antigone et donc par Electre dans notre pièce ; enfin nous montrerons que Jean Giraudoux met surtout en valeur le conflit qui est inévitable et créateur du tragique. II. LE SENS MORAL ET PATRIOTIQUE. Hector dans La Guerre de Troie n'aura pas lieue et Egisthe dans Electre incarnent tous deux la valeur patriotique, valeur qui les poussent coûte que coûte à se battre, à devenir des héros pour sauver leur cité. Nous traiterons de la question de la patrie s'en oublier de montrer que Jean Giraudoux ne prend parti pour aucun des deux camps. Pour commencer, il est important de souligner que ces deux personnages se battent pour la même chose, pour éviter le conflit de leur cité, pour maintenir la paix. Jean Giraudoux présente le caractère patriotique d'Hector et d'Egisthe de manière tout à fait différente. Hector pour le bien de sa patrie veut dès le début du texte agir contre la guerre, et veut tout faire pour éviter le conflit ; tout au long du texte il répète à plusieurs reprises le mot « paix », « paix » qu'il tient à sauvegarder pour le bien de sa cité. Hector au début du premier acte est présenté par Jean Giraudoux comme un ancien combattant qui rentre victorieux du combat. C'est un guerrier qui n'aime plus la guerre et qui fait la guerre seulement pour préserver la paix de la cité troyenne contre les belliqueux Grecs. A la première scène de l'acte I, il est le représentant de la paix selon Cassandre « il est aujourd'hui une chance pour que la paix s'installe dans le monde », par conséquent il est le garant de la sauvegarde de l'univers, de l'humanité ; et non plus seulement de sa patrie. Sa valeur morale dépasse donc celle de simple valeur civique puisqu'il devient le héros sauveur de la patrie ; sans lui tout est voué à l'échec. Jean Giraudoux présente donc Hector comme un pacifiste qui est selon lui : « Un homme toujours prêt à faire la guerre pour l'en empêcher ». De plus Hector lui-même se présente comme celui qui va défendre seul sa patrie à la troisième scène du même acte lorsqu'il dit « Nous ne lui laisserons plus l'occasion [à la guerre]. Tout à l'heure, en te quittant, je vais solennellement, sur la place, fermer les portes de la guerre. Elles ne s'ouvriront plus ». En jurant solennellement, il s'engage au nom de sa cité à tout faire pour la préserver de la guerre. Pour assurer le bon fonctionnement de sa patrie et pour veiller à son bonheur, il devient le négociateur entre la guerre et la paix ; en effet il convoque d'abord Pâris à la scène 4 du premier acte afin qu'il renonce à Hélène et qu'il la rende au grec, il fait ensuite venir Hélène pour la convaincre de retourner en Grèce à la scène 8 de l'acte I, il persuade par la suite Priam de fermer les « Portes à la guerre » dans la scène 5 de l'acte II et demande de l'aide à Busiris puisqu'il « y va de la vie de deux peuples ». Enfin, il négocie avec la départ d'Ulysse avec Hélène pour la Grèce. Aussi, pour mener l'entreprise à terme, Jean Giraudoux prête à Hector les qualités du patriote. Ainsi Hector parle lui même de patrie à la scène 3 de l'acte I « faire le siège paisible de sa patrie ouverte », il se montre autoritaire et donne des ordres « c'est [lui] qui commande » à la scène 13 de l'acte II, et fait preuve de droiture et d'un grand sens moral. Il est important de souligner que le personnage d'Hector ne prône pas la justice dans cette œuvre mais se bat pour préserver le bonheur de sa cité et des cités voisines. En définitive, Jean Giraudoux ne plaide pas pour la valeur patriotique, valeur qui est dominante chez le héros de la pièce ou pour le sens moral d'Hector, il donne aussi raison aux Grecs qui veulent rendre vengeance et faire justice pour l'enlèvement d'Hélène ; ainsi les belliqueux qui veulent rendre justice seront d'avantage du coté Electre. Jean Giraudoux veut surtout montrer que malgré les efforts d'Hector il est obligé de se résoudre à faire la guerre. Le cas d'Egisthe est tout à fait différent, il veut être avant tout le roi qui défend sa patrie et qui est prêt à tout pour maintenir la paix. Le portrait d'Egisthe en tant que garant de la patrie ne s'affirme pas réellement comme dans La Guerre de Troie n'aura pas lieue dès le début de l'œuvre mais au cours de l'œuvre : Il y a une progression. Au début de la pièce, durant le premier acte, Egisthe est présenté comme dans le mythe antique comme un régent « politiquement capable mais sans scrupule » qui s'ennoblira au cours de l'œuvre pour devenir dès le milieu du second acte un chef d'Etat respectable. Ses talents en tant que garant de la paix sont indéniables ; en effet, Egisthe a su maintenir Argos dans un climat de paix contrairement aux autres « villes [qui] se consument dans les dissensions ». Il gouverne donc Argos avec une autorité féroce. Sa cité vit dans la prospérité sans troubles ni scandales car Egisthe étouffe soigneusement l'émergence de tout ce qui sort de la banalité, grandes passions, grands crimes et les signes des Dieux. Pour maintenir la paix, dans l'ombre il fait disparaître les gêneurs et maintient sa ville dans une tranquille médiocrité. Pour sa patrie, il élimine Electre qu'il décide de marier à un jardinier afin que la malédiction qui pèse sur les Atrides disparaissent du palais. De plus face à l'invasion corinthienne, Electre à la deuxième scène de l'acte II lui déclare qu'il est le seul à pouvoir rétablir l'ordre dans la cité. Ce portrait d'homme autoritaire et de régent impitoyable se modifie dès la scène 7 de l'acte II, en effet, Egisthe connaît une véritable mutation intérieure, par amour pour Argos, il devient un roi digne et s'élève moralement pour sa patrie. Il prend dès cette scène conscience de ses vrais responsabilités et comprend ce qu'est une ville « un immense corps à régir, à nourrir ». Dès cette révélation il décide coûte que coûte de remplir ces obligations de roi. Jean Giraudoux prête à Egisthe les qualités patriotiques. Il est désormais près à donner sa vie pour la cité et c'est ce qu'il fera à la fin et à se marier pour assurer la paix. Enfin, la mutation est confirmée par l'emploi des adjectif « pur, fort et parfait » à la scène 7 de l'acte II. De « parjure, d'impie et d'infidèle » qu'il était, il reçoit tous les atouts pour être à présent digne de la royauté et de la cité. Jean Giraudoux, pour le personnage d'Egisthe ne défend pas sa valeur patriotique mais hisse le personnage au niveau du personnel tragique dont la stature morale est d'autant plus forte qu'elle se construit progressivement afin que l'action gagne de l'intérêt et qu'il se retrouve au même rang qu'Electre et qu'ainsi que le combat d'Electre avec sa mère devienne celui d'Egisthe et d'Electre ; c'est-à-dire celui de deux valeurs inconciliables la justice et la patrie. III. LE SENS DE LA JUSTICE. Electre dans la pièce est le point de référence par rapport auquel les autres personnages s'identifient dans un écart, une distance qui souligne la solitude de celle qui désire l'absolu c'est-à-dire le vrai et le juste, parmi les hommes qui cherchent le compromis c'est-à-dire un bonheur fait de concessions et d'oubli. De ce fait elle s'oppose à Egisthe qui veut « rejeter un peu de vérité dans le mensonge passé » à la scène7 de l'acte II. Electre qui est un personnage éponyme répond dans la pièce a trois exigences qui la définissent et qu'elle incarne : La Vérité, la Pureté Morale et la Justice. C'est une jeune fille qui est prête à tout pour défendre la justice et pour aller jusqu'au bout de son destin. (Nous traiterons ici de la question de la justice et de la vérité en commençant tout d'abord par la définir). La vérité est tout au long de la pièce définit par les personnages. Elle est d'abord définit par le mendiant en parlant de la mère et de la fille « elles sont toutes deux de bonne foi. C'est ça la vérité ». Le mendiant annonce la caractère subjectif de la vérité confirmé par Electre « c'est là ce qui est si beau et si dur dans la vérité, elle est éternelle mais ce n'est qu'un éclair ». De plus Electre elle-même dans le texte devient servante et symbole de la vérité ; en effet les personnages disent tour à tour que « c'est la vérité qui habite Electre », qu'elle est « la vérité sans résidu » ou encore le jardinier souligne qu'elle « est droite ». D'une manière plus générale à la scène 13 du premier acte « la jeune fille est la ménagère de la vérité » par conséquent on ne peut que la croire, et suivre ce qu'elle dit. Comme Egisthe qui a obtenu son élévation morale progressivement, Electre va découvrir la vérité au cours de la pièce. En effet, au début du texte, elle ne sait rien sur le meurtre de son père, mais cherche quelque chose instinctivement sans savoir vraiment quoi d'où l'inquiétude des autres personnages. Enfin elle dit clairement au mendiant au début de l'acte II qu'elle n'aime pas le mensonge et qu'elle préfère « au jour la lumière de la vérité ». Aussi son besoin de connaître la vérité n'a pas seulement des points négatifs ; en effet, elle permet à Agathe de retrouver la vie, à Egisthe de se déclarer et à Clytemnestre d'affirmer de vive voix sa haine pour son mari : La vérité est donc une libération. A cette recherche de vérité s'ajoute un idéal de pureté. Electre en grec signifie la lumineuse ou la non-mariée. Cela renvoie donc à la pureté et à la vérité à la fois. Le texte traite surtout de la pureté morale d'Electre. Elle condamne toute forme de lâcheté et rêve d'un monde pur où la parole serait l'exact reflet des choses. Les valeurs éthiques c'est-à-dire tout ce qui est en rapport avec la morale et la droiture sont plus importantes pour elle que la politique. De plus elle refuse que le bonheur d'Argos soit fondé sur la lâcheté ; que le bonheur d'Argos soit « fondé sur l'injustice et le forfait, depuis que chacun par lâcheté, s'y est fait le complice du meurtre ». C'est ce besoin de vérité et de pureté qui conduisent au besoin de rendre justice aux menteurs, aux criminels. Selon le jardinier à la scène 2 de l'acte I, Electre veut « la justice intégrale » c'est-à-dire que les « mauvais » soient punis sans aucun recourt. Elle est le symbole de la justice absolu comme Antigone, qui est la justice sans équité ni responsabilité : Elle agit en fonction du passé sans tenir compte des conséquences ; on pourrait donc l'assimiler au Guillaume de Baskerville du Nom de la Rose. Elle est une sorte d'interprète des Dieux, comme les Dieux elle rend la justice, inflige le châtiment aux mauvais. Ainsi, la justice est sa puissance, et cela elle le dit clairement à la scène 10 de l'acte II lorsque son frère Oreste aura assassiné Egisthe « j'ai la justice, j'ai tout ». Les Euménides assimilent cette puissance à une forme d'orgueil d'Electre à la scène 10 de l'acte II « voilà où t'a mené l'orgueil Electre ». Nous pouvons rapprocher cet idéal de justice de ce que nous trouvons dans la Guerre de Troie n'aura pas lieue, idéal qui sera opposé à la conception d'Hector qui veut quitte à mentir ce qu'il fait à diverses reprises pour préserver la paix à tout prix. Dans La Guerre de Troie n'aura pas lieue aucun personnage n'est réellement porter par la justice, c'est le « clan » des Grecs qui veut que Justice soit faite, qui veut se battre car Hélène a été enlevé et (dégradé ; Comment dire ?). Ce n'est pas la vraie raison de la demande de guerre puisqu'Ulysse a la scène 13 de l'acte II le besoin d'étendre l'espace vital mais au début de la pièce il s'agit bien de venger la Grèce ; c'est donc une question de justice. III.LE CONFLIT DES VALEURS. Les deux œuvres au programme n'ont pas pour but de montrer pour lesquelles des deux valeurs Jean Giraudoux prend parti mais comment l'opposition de ces deux valeurs rend le conflit inévitable et crée l tragique. (C'est ce que nous allons voir dans cette troisième partie). Etant donné que les deux grandes valeurs qui s'opposent dans notre étude sont surtout opposées dans Electre nous attacherons moins d'importance à La Guerre de Troie n'aura pas lieue. Néanmoins nous montrerons ici que malgré le fait qu'Hector fasse tout son possible pour maintenir la paix le destin prend le dessus et noue la pièce en tragédie. Hector d'un bout à l'autre de l'œuvre se bat au nom de sa patrie pour que la guerre de Troie n'ait pas lieu, cette phrase prononcée plusieurs fois et à divers temps dans le texte nous confirme le projet d'Hector et sa confiance en l'avenir. Afin de mieux traiter cette question nous devons expliquer ce qu'est le destin, la fatalité. La fatalité vient du latin « fatum » qui désigne ce qui est écrit ; c'est donc une parole prononcée sur le héros et qu'il faudra justifier et rejoindre à la fin de la pièce. Notre première pièce confirme donc les propos de René Marill Albérès, étant donné que l'histoire d'Hector est déjà écrite à l'avance par Homère ; Hector devra se résoudre à la fin de la pièce à « accepter le conflit et à ne pas l'éluder ». Le conflit ne vient donc pas de la lutte réelle entre les défenseurs de la patrie et les autres mais d'une opposition « surnaturelle ou spirituelle » : Un conflit d'un homme contre le destin. Hector doit obligatoirement accepté le conflit car il représente le destin. En effet, il est assimilé dès la première scène au destin par Cassandre. Si le héros est comparé au destin c'est parce qu'au cours du texte malgré son courage à vouloir éviter la guerre le destin va peu à peu le rattraper, il ne maîtrisera plus rien ; il deviendra alors un personnel tragique à part entière. Il sera donc obliger « d'assumer la tragédie ». Jean Giraudoux a montré l'inéluctable du conflit dans cette pièce à travers le personnage courageux d'Hector et à travers l'éternel recommencement d'Hector pour éviter la guerre, à la fin il ne contrôle plus rien et se voit obliger de tout accepter. C'est réellement à la scène 11 de l'acte II qu'Hector se rend compte qu'il ne peut plus vraiment faire face au destin et qu'il doit accepter le conflit lorsqu'il dit : « Je gagne chaque combat. Mais de chaque victoire l'enjeu s'envole ». Ainsi, Jean Giraudoux veut montrer dans cette pièce non pas un homme guidé par sa patrie mais l'incapacité des hommes face à la fatalité et leur obligation finale de se résoudre sous le poids de l'échec, entraîné par « la forme accélérée du temps », Hector ne peut donc que se résoudre à accepter la tragédie et a déclenché la guerre malgré le fait qu'il voulait la paix. Dans Electre le conflit est un réel conflit de valeur, celui de la justice contre la patrie ce. Ce combat rend toute fin heureuse impossible et c'est cela qui crée la tragédie. Par cet exemple, nous allons voir que comme Hector les deux personnages ont le même but accepter le conflit qui est inéluctable. Pour quoi doivent –ils accepter le conflit ? La réponse nous a été donné pour Hector. Du fait que l'histoire a déjà été écrite les personnages doivent suivre leur destinée et accepter chacun après l'autre de mener leur destin jusqu'au bout. L'enjeu essentiel de la pièce est le conflit social: Egisthe juge en roi, et suit ses convictions politiques et humaines comme nous pouvons le voir dans la scène 7 de l'acte II tandis qu'Electre réagit en prêtresse de la justice et de la vérité, elle évolue dans un monde idéal et de principes. Par conséquent l'affrontement oppose le réalisme à l'idéalisme c'est-à-dire qu'aux conflits politiques réels s'opposent un besoin de rendre le monde meilleur, de rendre le monde idéal. La question essentielle de l'œuvre est donc : « Au nom de la justice faut-il laisser détruire Argos ou pour assurer la paix, vaut-il mieux postposer la défense des opprimés ? » Comment chacun des deux personnages centraux de l'œuvre se battent pour des valeurs opposés et rendent le conflit inévitable ? Peut être si les deux parties venaient à en former qu'un seul par le mariage par exemple le conflit n'existerait plus mais le mariage du réalisme et de l'idéalisme est impossible dans l'œuvre. Il y a d'abord une différence majeure entre la conception que chacun se fait de la patrie, Egisthe voit dans la patrie un peuple à défendre, une économie à faire prospérer tandis qu'Electre penche plutôt pour une patrie universelle, celle de la pauvreté, de la dureté de la vie quotidienne, de la maladie et de la mort. Cette conception n'a rien de politique, elle voit une conception universelle de la patrie qui engloberait non seulement Argos mais « tous les yeux des laveuses, tous les oiseaux, toutes les plantes ». L'opposition devient plus forte au milieu de l'œuvre car Egisthe et Electre se déclarent tour à tour et de ce fait deviennent aussi respectables l'un que l'autre par conséquent le tragique de la pièce devient sans issue. L'opposition crée la tragédie car chacun des deux est prêt à tout pour défendre ses valeurs. Electre veut la mort de tous les menteurs afin que la justice s'accomplisse et Egisthe est prêt à se donner la mort pour le bonheur de la cité. L'entente est désormais impossible entre les deux partis. Cela confirme la conception de Jean Giraudoux du héros tragique c'est-à-dire « un être épris d'absolu condamné à chercher la vérité implacable au milieu du monde des humains ». De plus le tragique vient du fait que les deux personnages exacerbés dans leur passion ne veulent pas concilier les deux parties et restent donc chacun du coté de la balance. L'exacerbation des passions est à la fois le résultat et à la fois la cause des crimes ce qui amplifie le coté tragique de l'œuvre. Enfin la tragédie vient du fait qu'en plus du meurtre d'une famille, la catastrophe prend de l'ampleur et s'élargit aux massacres du peuple d'Argos. La pièce se termine donc sur un climat de ruine où la tragédie atteint son paroxysme. La tragédie dans Electre se situe donc à trois niveaux : D'abord au niveau de l'intrigue par la reprise du mythe antique Jean Giraudoux se doit de réhabiliter la même fin, les personnages doivent donc accepter leur sort et la tragédie finale. Ensuite le tragique vient du traitement des passions de chacun des deux qui est porté à son paroxysme et de ce fait les passions sont inconciliables comme on l'a vu. Le tragique réside enfin dans la profondeur de la réflexion du débat qui s'ouvre entre Egisthe et Electre, débat sur l'homme et sur la cité qu'il conduit. CONCLUSION. Pour conclure, la citation que donne René Marill Albérès peut s'attribuer autant à Electre, qu'à La Guerre de Troie n'aura pas lieu ou encore à l'Antigone de Jean Anouilh. Elle est intéressante car lors de notre étude elle nous a permis de s'interroger sur les grandes valeurs dominantes des personnages principaux de nos deux pièces, et de montrer que comme ces valeurs sont inconciliables ou totalement en rupture avec la notion de fatalité alors le conflit est inéluctable, les personnages peuvent donc qu'y adhérer. Nous avons pu aussi voir comment du conflit des valeurs on aboutit à la tragédie qu'assume chacun des personnages. Enfin ce débat vise bien plus loin que la simple vision politique ou idéaliste de la société, ce débat peut se calquer sur les problèmes du temps de Jean Giraudoux. De la même manière que le mythe d'Antigone en 1944 évoquait la dénonciation du régime de Vichy, le mythe d'Electre témoigne des questions de cette période c'est-à-dire de la question de la justice et de la paix de la France pendant la guerre. La Guerre de Troie n'aura pas lieu ouvre la question de ce qu'est une guerre, un conflit et permet de s'interroger sur l'espace vital. Finalement les deux œuvres de Jean Giraudoux sont donc porteuses d'un grand symbolisme et de significations multiples. |
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