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Bonjour je vous joint ci dessous le texte ainsi que la liste des questions.
.Voici le texte :
On peut prêter différentes intentions à l’auteur d’une autobiographie, la moins reluisante étant le besoin de se justifier en vue de régler de vieux comptes, de répondre à des détracteurs ou encore de promouvoir un autoportrait flatteur. Telle n’est pas mon intention, je crois, même s’il est vrai que les enfants d’Evelyn Waugh n’apparaissent pas sous un jour particulièrement favorable à travers sa correspondance ou son Journal.
Ainsi le 23 décembre 1946, il se lamente en ces termes :
La présence de mes enfants m’épuise et me plonge dans des abîmes de désespoir. Je ne les vois pas avant le repas du midi, car je prends mon petit déjeuner, seul, dans la bibliothèque. En fait, ils ont l’habitude d’éviter la partie de la maison que j’occupe, et pourtant, dès l’instant de mon réveil, je sens qu’ils sont là. Le déjeuner est des plus pénibles. Teresa est un moulin à paroles et a un esprit aussi frondeur que dénué d’humour, Bron est maladroit, brouillon, sournois, et ne s’intéresse à rien qui touche au domaine intellectuel, esthétique ou spirituel…
Ce jugement sans appel, à l’égard d’un enfant qui venait à peine de fêter son septième anniversaire, exige une réponse. Evelyn Waugh continue sur le même thème, au long de sa correspondance et de son Journal, avec quelques pauses de-ci de-là, jusqu’à son dernier jour, le 10 avril 1966. Je ne puis qu’affirmer avec énergie que le but de cet ouvrage n’est pas de réhabiliter son auteur ni ses frères et s½urs. J’ai toujours tiré une certaine fierté de l’abominable garnement et de l’adolescent maléfique dont Evelyn Waugh subissait la présence lors de ces sinistres déjeuners. Sa description, au deuxième chapitre, en propose une vision différente mais non incompatible. J’avais envisagé, dans un premier temps, de commencer par un texte assez bref sur Evelyn Waugh, sans trop savoir comment l’appeler : Evelyn ?
Impensable. Papa ? Trop sentimental. Waugh ? Je n’ai pas osé. Le problème demeure entier à ce jour.
Pour en revenir à la question des motivations, je me retrancherai volontiers derrière l’idée qu’un professionnel de l’écriture a plusieurs cordes à son arc, l’autobiographie étant l’une d’elle. Sinon, pourquoi, en dehors des vulgaires plaisirs de l’exhibitionnisme, tiendrait-on à souligner ses mérites et à dévoiler ses carences ? Peut être ce récit de mes cinquante premières années, rédigé pendant que la sève monte encore, fût-ce à un rythme lent et pénible, pourra-t-il susciter d’importantes questions sur le sens de la vie, si tant est que des pensées aussi élevées puissent surgir d’anecdotes à demi oubliées, de plaisanteries médiocres et de bavardages futiles. Toutefois, tandis que je m’efforçais d’assembler les événements marquants de mon parcours désordonné, erratique, une pensée m’est venue.
Il se peut qu’une des finalités de ce livre soit de formuler une modeste action de grâce- d’aucuns diraient une prière- au nom de l’existence agréable dont je bénéficie aujourd’hui, à cinquante ans, comme ce fut le cas la plupart du temps, à une ou deux exceptions près. La majorité de ceux qui ont connu l’Angleterre entre 1939 et 1991 ont eu une chance exceptionnelle par rapport à ceux qui ont vécu ailleurs et à d’autres époques. Certains parleront de gratitude. D’autre de triomphalisme.
Auberon Waugh, Mémoires d’un gentleman excentrique,
Voici les questions :
1) Relevez les différentes raisons pour lesquelles on peut écrire son autobiographie selon Auberon Waugh ? Quels jugements porte-t-il sur les raisons qu’il formule ?
2) Étudiez la situation d’énonciation de ce passage. Dites pour chaque partie : qui parle ? A qui ? Quand ? Quel est le support ?
Quel est l’enjeu de chacun de ces passages ?
3) Pour quelles raisons, selon vous, Auberon Waugh insère t-il un passage du journal de son père dans cet avant- propos ? Pour répondre lisez le texte et le paratexte.
4 )Cherchez une traduction au titre anglais Will This Do ? Comparez-le au titre français. Quelles attentes différentes suscite-t-il chez le lecteur ?
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