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Francais (college, lycee) > sujets expliqués - 07/11/2010 - correction

Montrez que dans ces textes, les procédés de l'écriture poétique sont mis au service de l'argumentation.

 
Texte 1 : Agrippa d’Aubigné, Les Tragiques, (1616), v. 97-130

Dans les tragiques, Agrippa d’Aubigné évoque les guerres de religion pendant lesquelles la France a été déchirée entre deux camps, celui des catholiques et celui des protestants.

Je veux peindre la France une mère affligée,
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson* l'usage ;
Ce voleur acharné, cet Esau* malheureux,
Fait dégât du doux lait qui doit nourrir les deux,
Si que*, pour arracher à son frère la vie,
Il méprise la sienne et n'en a plus d'envie.
Mais son Jacob, pressé* d'avoir jeûné meshui*,
Ayant dompté longtemps en son c½ur son ennui*,
A la fin se défend, et sa juste colère
Rend à l'autre un combat dont le champ est la mère.
Ni les soupirs ardents, les pitoyables cris,
Ni les pleurs réchauffés* ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflit se rallume et fait* si furieux
Que d'un gauche* malheur ils se crèvent les yeux.
Cette femme éplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Elle voit les mutins, tout déchirés, sanglants,
Qui, ainsi que du c½ur, des mains se vont cherchant.
Quand, pressant à son sein d'un amour maternel
Celui qui a le droit et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l'autre, qui n'est pas las,
Viole en poursuivant, l'asile de ses bras.
A donc* se perd le lait, le suc de sa poitrine ;
Puis, aux derniers abois de sa proche ruine,
Elle dit : " Vous avez, félons*, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or, vivez de venin, sanglante géniture*,
Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture ! "

*besson : jumeau
* Esau : dans la Bible Esau maltraite injustement son frère Jacob (cf. v. 11)
*si que : si bien que
*pressé : accablé
*meshui : aujourd’hui
*son ennui : sa douleur
*réchauffés : qui redoublent
*fait : devient
*gauche : funeste
*A donc : par conséquent
*félons : traîtres
*géniture : descendance

Texte 2 : Victor Hugo, Chansons des rues et des bois, II, 3, Liberté, Egalité, Fraternité, 1, (1865)

Depuis six mille ans la guerre
Plait aux peuples querelleurs,
Et Dieu perd son temps à faire
Les étoiles et les fleurs.

Les conseils du ciel immense,
Du lys pur, du nid doré,
N'ôtent aucune démence
Du c½ur de l'homme effaré.

Les carnages, les victoires,
Voilà notre grand amour ;
Et les multitudes noires
Ont pour grelot le tambour.

La gloire, sous ses chimères
Et sous ses chars triomphants,
Met toutes les pauvres mères
Et tous les petits enfants.

Notre bonheur est farouche ;
C'est de dire : Allons ! mourons !
Et c'est d'avoir à la bouche
La salive des clairons.

L'acier luit, les bivouacs fument ;
Pâles, nous nous déchaînons ;
Les sombres âmes s'allument
Aux lumières des canons.

Et cela pour des altesses
Qui, vous à peine enterrés,
Se feront des politesses
Pendant que vous pourrirez,

Et que, dans le champ funeste,
Les chacals et les oiseaux,
Hideux, iront voir s'il reste
De la chair après vos os !

Aucun peuple ne tolère
Qu'un autre vive à côté ;
Et l'on souffle la colère
Dans notre imbécillité*.

C'est un Russe ! Egorge, assomme.
Un Croate ! Feu roulant.
C'est juste. Pourquoi cet homme
Avait-il un habit blanc ?

Celui-ci, je le supprime
Et m'en vais, le c½ur serein,
Puisqu'il a commis le crime
De naître à droite du Rhin.

Rosbach ! Waterloo *! Vengeance !
L'homme, ivre d'un affreux bruit,
N'a plus d'autre intelligence
Que le massacre et la nuit.

On pourrait boire aux fontaines,
Prier dans l'ombre à genoux,
Aimer, songer sous les chênes ;
Tuer son frère est plus doux.

On se hache, on se harponne,
On court par monts et par vaux ;
L'épouvante se cramponne
Du poing aux crins des chevaux.

Et l'aube est là sur la plaine !
Oh ! j'admire, en vérité,
Qu'on puisse avoir de la haine
Quand l'alouette a chanté.

*imbécilité : ici, faiblesse des capacités physiques et intellectuelles
* Rosbach, Waterloo : noms de batailles

Texte 3 : Guillaume Apollinaire, Calligrammes

Exercice

Vers un village de l'arrière
S'en allaient quatre bombardiers*
Ils étaient couverts de poussière
Depuis la tête jusqu'aux pieds

Ils regardaient la vaste plaine
En parlant entre eux du passé
Et ne se retournaient qu'à peine
Quand un obus avait toussé

Tous quatre de la classe seize
Parlaient d'antan non d'avenir
Ainsi se prolongeait l'ascèse*
Qui les exerçait à mourir

*bombardiers : soldats qui servent dans l’artillerie
*ascèse : ensemble d’exercices en vue d’un apprentissage

Texte 4 : Léopold Sédar Senghor, Hosties noires (1948)

Senghor rend hommage aux soldats sénégalais morts pour la France.

Assassinats

Ils sont là étendus par les routes captives, le long des route du désastre
Les sveltes peupliers, les statues des dieux sombres drapés dans leurs longs manteaux d’or
Les prisonniers sénégalais ténébreusement allongés sur la terre de France.

En vain ont-ils coupé ton rire, en vain la fleur plus noire de ta chair.
Tu es la fleur de la beauté première parmi l’absence nue des fleurs
Fleur noire et son sourire grave, diamant d’un temps immémorial.
Vous êtes le limon et le plasma du printemps viride* du monde,
Du couple primitif vous êtes la charnure*, le ventre fécond, la laitance*.
Vous êtes la pullulance* sacrée des clairs jardins paradisiaques
Et la forêt incoercible, victorieuse du feu et de la foudre.

Le chant vaste de votre sang vaincra machines et canons
Votre parole palpitante les sophismes et mensonges.
Aucune haine votre âme sans haine, aucune ruse votre âme sans ruse.
Ô Martyrs noirs race immortelle, laissez-moi dire les paroles qui pardonnent.

*virides : verts, verdoyants
*charnure : l’ensemble des chairs d’un corps
*laitance : semence de couleur blanche, utilisée par certains poisons pour féconder les ½ufs de la femelle.
*pullulance : abondance
*incoercible : qui ne peut être comprimé, qu’on ne peut pas dominer
 
 

...

 
 

BROUILLON DE LA QUESTION D’ENSEMBLE

INTRODUCTION : Ces quatre textes sont des poésies dont le thème dominant est la guerre. Agrippa D’Aubigné part sa poésie « les tragiques » écrite en 1616, Victor Hugo avec « Chansons des rues et des bois » en 1865, Guillaume Apollinaire avec « Calligrammes » en 1918 et Léopold Sédar Senghor avec son poème « Hosties noires » en 1948, dénoncent les méfaits de la guerre. Cependant ils n’ont pas tous le même sujet : Agrippa D’Aubigné parle des guerres de religion en France entre les catholiques et les protestants. Victor Hugo décrit les effets de la guerre sur l’homme, tandis que Guillaume Apollinaire préfère prendre l’exemple de quatre soldats fatigués par la guerre et presque sans espoir. Enfin Léopold Sédar Sanghor rend hommage aux soldats sénégalais mort pour la France, avant son temps.
PROBLEMATIQUE : Comment les procédes de l’écriture poétique sont-ils mis au service de l’argumentation ?
PLAN : Nous verrons d’abord les différents procédés poétiques et ensuite comment ils servent l’argumentation.

DEVELOPPEMENT : Ces quatre textes sont des poésies écrites en vers. Agrippa D’ Aubigné, Victor Hugo et Guillaume Apollinaire utilisent des vers traditionnels, tandis que Léopold Sédar Sanghor, plus moderne, emploie des vers libres. La poésie d’Agrippa D’Aubigné est composé de trente quatre alexandrins. C’est une poésie isométrique. Son originalité est dû au fait qu’elle n’est pas constituée de plusieurs strophes. Elle parle des guerres de religions, pour cela elle utilise une mère qui représente la France et ces deux enfants qui se battent et qui personnifient la guerre entre les catholiques (premier enfant) et les protestants (deuxième enfant). Guillaume Apollinaire va se servir de quatre personnages qui sont des artilleurs pour illustrer ses idées. C’est une poésie courte qui comprend trois quatrains et écrite en vers. La dernière poésie écrite en vers est celle de Victor Hugo, elle est composée de quinze quatrains. Contrairement au deux autres textes, ils n’utilisent pas des personnages mais l’homme en général. Ces trois textes respectent les règles traditionnelles de la poésie mais pas le quatrième texte « Hosties Noires » de Léopold Sédar Sanghor, qui plus moderne utilise des vers libres. Il écrit donc un poème en vers, composé de trois paragraphes, or ceux-ci ne contiennent pas le même nombre de lignes. Cependant, on peut classer ce texte dans le corpus car il y a un riche travail sur les sons et les images, ce qui lui permet de ressembler à de la poésie.

Bien que ces quatre textes aient des procédés d’écritures différents, ils ont un même but : servir l’argumentation.
Le poème de Léopold Sédar Sanghor permet de faire passer les idées de l’auteur. Il utilise des mots forts tels que « routes captives » vers 1, « routes du désastre » vers 1, mais aussi de nombreuses images comme « son sourire grave, diamant » vers 6. Il écrit un poème qui interpelle le lecteur, l’oblige à réfléchir et les nombreux procédés qu’il utilise lui permettent d’argumenter. Il argumente de façon détournée, par des images. Agrippa D’Aubigné et Guillaume Apollinaire, quant à eux, utilisent des personnages pour faire passer leurs idées et donc argumenter plus facilement. L’image de la mère et ses enfants dans le poème « Les Tragiques » est sans doute la meilleure, et permet à l’auteur d’argumenter de façon claire et compréhensible de tout. C’est une image simple, où tout le monde peut s’y référer. Elle montre la férocité des deux camps et l’inutilité de la chose, voire le méfait : en se battant, ils ont blessé leur mère qui est dans l’incapacité de les nourrir désormais. Guillaume Apollinaire, quant à lui, dans son poème très court explique la rapidité et la fatalité avec lesquels ces quatre artilleurs pensent qu’ils vont mourir. Victor Hugo utilise un poème long mais constitué de nombreux alexandrins, ce qui démontre le déroulement lent et l’absurdité de la chose. Enfin, on remarque que dans trois de ces textes, il y a une implication directe du lecteur, il dit « je » et donne son opinion texte 1, 2 et 4. Quant au texte 3, son implication est sous entendu.

CONCLUSION : Bien qu’ayant des procédés d’écritures différents, ces quatre textes se ressemblent. Certes, ils ne sont pas formé de la même façon cependant ce sont tous des poèmes engagés contre la guerre.
Ils n’ont pas le même but dans chaque poème. Agrippa D’Aubigné dénonce les guerres de religion en France, Victor Hugo, dénonce, quant à lui, la guerre mais plus généralement le plaisir que prennent les hommes à faire la guerre. Guillaume Apollinaire dénonce une guerre qui tue des hommes sans leur laisser d’avenir : la guerre ne les fait plus espérer, ils ne parlent que du passé. Enfin, Léopold Sédar Sanghor, préfère rendre hommage aux soldats sénégalais morts pour la France. Cela a un double but, critiquer l’imbécilité de la guerre qui les a tué et demander pardon. Par la force des mots qu’ils emploient, ces quatre poètes font donc passer leurs idées enseignantes.

Quand j’ai montré ce que j‘avais fait à mon professeur, il m’a dit que mon introduction, ma problématique, mon plan, mon développement (première partie et deuxième partie), et ma conclusion n’étaient pas très bien organisés. De plus, il y a trop de références aux auteurs et pas assez aux quatre textes, à leurs contenus et à leurs citations. De plus, je n’ai pas parlé du registre, des hémistiches (s’il y en a peut-être), des rythmes, des assonances et autres peut-être aussi s’il y a des choses que je n’ai pas dites. En plus, il y a beaucoup trop de répétitions et je ne pense pas que tout soit juste. Il faut vraiment que je refasse tout alors que c’est pour Samedi. Merci infiniment si vous m’aidez.

 
 

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